/image%2F1371306%2F20250915%2Fob_d726c3_negre-1.jpg)
Adèle Nègre : Chahut. Exposition, Corridor Eléphant, Paris, Novembre 2017
................................................................
Quand je voudrais tout noter quand je voudrais
seulement délier - en vérité
et respirer
voici vivement que
dans le soir perce jusqu’à mes pensées
Hespéris matronalis
laisse dans l’air sans air
à son secret
c’est tout l’être qui se consume
Assise là en se consumant
consciente seulement de sa résolution et la grande esse S de l’ouïe toute
ouïe
abouchée sur l’âme
un violon chante
ou un grillon
ou n’importe quoi ici
tant que
tremblent la table et l’assise
Assise attendre
que verse à ma dépossession la nuit
ses sons.
Dépossession ou possession de tous mes ratés,
ces vestiges.
Des ruines chantent. Est-ce encore le vent.?
Saurai-je me souvenir ?
Quelle fleur s’appuie sur ma peur et
à quelle racine
de quel verbe adventice puiser ?
Des sons Des sens épars dans la sécheresse, les Hespéris
ramènent doucement des commencements.
Des langues vivantes reviennent vagues émeuvent encore
le jardin dehors accorde la sensation.
Il se tordra devant toi dit-il.
Dans un splendide effort essor vers tes pores dilatés dans la nuit
pétrie le monde tors et l’œil avec .L’iris accordé luit.
Il viendra à ta peau à ta tête, extasié, volatile.
Connivent avant même le commencement, signe
avant même qu’il ne vienne.
Sans comment sans pourquoi pour table l’inclinaison
et sous chaque racine monter qu’on y est. Cymes
hélices, je suis vos contours réfléchis. C’est un iris
de plus qui tiendra son œil (ou le grand paon ses ocelles) incontournable,
ce que sera le mobile. Tandis qu’à la porte
par la porte oblique – est-ce que je rêve ? – j’entends
les Juliennes et la pluie.
J’enracine l’attente
déterminée à ne rien faire.
Je croise les faits et les doigts. Pas d’ordre, pas d’angle droit.
aucune loi.
N’incline à rien, le temps endure, incline seulement les os et les eaux, arrose
effleure.
Ce qui lèvera voudra bien croître.
Où mènes-tu ce soir, où te mets-tu
sur l’échelle des couleurs, où ? Dessines-tu-
un froissement de sureau par la porte, avec d’autres bruits –
ou bien c’est la nuit glacée
une lucane se perd
entre les ligne ratisse un blanc violacé
persiste le banc de feuilles, tu lui dis reste ! Et elle reste !
Et comment !
Toute de nuit prostrée et tue
la tête et les stigmates ombreux sur les flancs du dessin
Est-ce le vent ?
La nuit arrondit
et agrandit l’ombre
les grillons pieds à pieds
remontent l’air
courbe la nuit respire
jusqu’à confondre l’œil
jusqu’à ce qu’on ne puisse plus distinguer
ce qui est vu de qui voit
Enfin tu n’entends plus les mouches
les grillons modèlent l’espace
ne pas reprendre – toit tilleul fourche tendue – aux vitres dérobées
point de luisance dans
la nuit étagées à coups d’archets et de boucliers opposés
l’obscurité qui t’entoure forte de ses chants frottés touche
jusque par tes mains
gravides rythmées les rythmes
respirer par les mains
Je suis assise, je reviens, j’écris
l’iris brille que j’ai fourbi à la lumière,
mes yeux ont vu les cirses
ce qui est pleuré s’ en va sans demander
son restes, larmes
qui restent ici, et s’atténuent
à nourrir les adventices
Sur les toits fait métalliques
à blanc
ondulent les mains fanées du soleil
piquent les cheminées capitées
les sirènes strient les faces
les oreilles à vide captent les oreilles
du lointain monde au sol
Avec toi sur les trottoirs brûlants, je pense à l’ombre viride,
mais cela est trop demander, trop
car torride
c’est Paris où claquent les murs, où
le bruit sec et serré à l’instant sécrète, j’ai oublié où
je vis
dans l’air dur
et vireux, aux Buttes
allons, cet où
oublieux, immobiles, chômons !
Je flétris l’attente.
Qu’attendre encore sans ce vouloir qui me quitte ?
Les mains fanent avant la caresse, fleur attardée, sans savoir
quelle vie,
de quelle vie la tardive clameur.
Les doigts persistent, contournement de l’ardeur, doublent aveugles le jardin
contourné.
Nuit
perte des angles de clarté,
plus tard je gagne en son ce que j’ai perdu en murs,
je gagne en rondeur.
S’accroît la maison. J’ai mûri les vitres à force de regard,
je vois les iris briller,
le tilleul abreuve le dormant. Je veux rester, je ne veux pas, bras sur
l’accoudoir, cloué par l’épi.
Penser en épi.
Tilleul m’envoûtant, sur un air d’aboiements
distants de tout un peu, dans la nuit,
et l’épouvantable défaite
des décisions.
Penser par le tilleul, courbe enténébrée, la tête le peut
sans poids
écoute courber le vent
Tilleul - l’arôme entête –
secoue l’appréhension
feuilles borgnes
et trouées pour voir
Comment, le tilleul
comme tel accable
un nu respire sous l’ombre flottante
l’arbre ressuscite le bras tigré
d’une petite fille
Toutes ruches dehors, en crue, c’est-à-dire
arène pour les yeux. Au centre est une fontaine
d’abus – ombre résurgente, j’erre au-dessous – l’air remue
de sombres masses de chaleur roulent sur les bras mûrs,
la lumière disperse des mires
serrées dans leur réticule, de très anciennes visées.
Seuil et soif
ce soir
tousse
le bois rien ne vient de là
et rien mais très furtivement du côté du champ
passe
seul le tilleul respire
seul
lourdement par ses fleurs
la nuit résorbe doucement son massif
poumon
Non pas un parfum – une masse
accable la marche.
Frêle sous la tunique palpite jouissive
hâtive à rompre (heurt épidermique)
la voix asphyxiée
je compte les chutes, fixe la source – tilleul penchant –
ce qui nous renverse propulse
un dire animal
vulnérable affleure sous l’hymen
Nuit où jeter des mots, sans plafond
ni sol,
et à l’épreuve des pertes
le tilleul ainsi que quelques sphinx et noctuelles
près de l’ampoule
donnant forme à celle que nous appelons, pour finir
temps, que nous appelons espace
tandis que s’efface tout autre signe de vie
Répits
noirs moins noirs
le nuancier des verts
universel secours
impose son proverbe
« regard en arrière »
Résolu par le feu
Bruno Guattari, Editeur, 41250 Tour en Sologne,2018
Voir aussi
« Tu ne tonitrueras pas... » (08/10/2020)
Parler avec le sphinx (extraits) (07/10/2021)
Résolu par le feu (1) (06/10/2022)
Résolu par le feu (2) (06/10/2023)
Résolu par le feu (3) (17/09/2024)