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Femmes en Poésie
21 mars 2023

Inger Christensen (1935 - 2009) : Le for intérieur

 

 

artworks-000582823268-m7rfet-t500x500[1] Inger Christensen, le 5 décembre 1969

 

Le for intérieur

 

L’obscurité gargouille à travers pays et poumons

le vent rebat les lieux communs

le lieu dans la bouche où les cris font la queue

le lieu où l’espoir refuse de mourir

nous trahissent silencieux et inertes

dans le monde où tout est valeur

nous prêtent des paroles

que rien n’est valable

 

L’obscurité entre et sort de la tête

rien n’y entre, rien n’en sort

les arbres ramifient chaque branche du sang,

oxygènent l’inquiétude de nuit et de vent

la nuit et le vent du néant

 

Je dois bien l’avouer dans le for intérieur

assis derrière l’œil tu songes peut-être

à la première rencontre, au soleil, au jamais empêcher

je dois bien l’avouer maintenant

que l’ombre est méchante, que nuit et moi

que nous et que je et je

et demande

 

L’obscurité se concentre sur la tour supérieure

la porte du cerveau est déjà forcée

qu’avons-nous, que nous manque-t-il,

qu’est-ce, où sommes-nous et que voyons-nous

avec l’angoisse du phare avec l’angoisse du phare

que sommes-nous, nous nous agrippons

Sur la mer deux cœurs allument leur feu de détresse

 

Traduit du danois par Janine et Karl Poulsen

in, « Lumière »

Les cahiers de Royaumont,1989

Voir aussi :

Lumière (21/03/2021)

Il (21/03/2022)

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