Inger Christensen (1935 - 2009) : Il
Il
Il est une pièce minuscule, cachée
dans la source de l’espérance
Il est un matin le rouge du soleil
la dernière couleur que j’oublierais
Il est dans le trèfle précoce ce que je
trouve très tôt sans chercher
Il est une fissure dans la terre de l’hiver
printemps obstiné, bouche d’eau
baisers clapotants
Il est le puissant exorciste de l’effroi
qui pleure avec le soutien de l’oiseau
Il est la pente argileuse durcie
par la longue lutte du soleil avec son corps
qui abrite un couple d’hirondelles
Il est dans les ailes tictaquant la première
rencontre avec l’air bleu du matin
Il est dans le chant et le bec contre bec
La terre capture sa fenêtre, balance,
émoustille le temps
La terre saisit son oiseau et l’emmure
dans le gris
La terre enferme sa source
dans un coffre blindé
La terre consume le bec ardent
à la chute de l’oiseau soleil
Je refuse d’avoir honte de mon
espoir en les morts
Je refuse d’avoir honte de mon
espoir en l’espoir de mon amour
Je porte son puissant chant de soleil
matin rencontre passagère
J’ouvre la fenêtre de mon amour
hume l’odeur de la terre
qui est nous, espoir éphémère
Espérance malgré tout
Traduit du danois par Janine et Karl Poulsen
in, « Lumière »
Les cahiers de Royaumont,1989
Voir aussi :
Lumière (21/03/2021)
Le for intérieur (21/03/2023)