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Femmes en Poésie
14 mai 2019

Saphô / Σαπφώ (vers 1630 - vers 1580 av. J.C.) : Nocturnes

Sappho_1_

 

Nocturnes

 

Etoile du soir, ô toi qui ramènes

Ce qu’a dispersé le clair jour naissant,

Voici que chèvre et brebis tu ramènes,

Et à la mère son enfant.

........................

 

L’eau fraîche murmure à l’entour,

Parmi les pommiers parfumés,

Et des feuilles où le vent court,

Le sommeil pour nous a glissé.

.................................

 

Les étoiles, autour de la splendeur lunaire,

Cachent à nouveau leur clarté

Lorsque d’un vif éclat elle revient briller,

En son plein, au-dessus de l’ombre de la Terre.

..................................

La lune s’est couchée,

Les Pléiades aussi.

Il est minuit, l’heure est passée,

Je suis seule étendue ici.

..................................

Le rossignol charmeur annonce le printemps.

Je dis que l’avenir se souviendra de nous.

...................................

Je désire et je brûle.

...........................................

A nouveau l’Amour, le briseur de membres,

Me tourmente, doux et amer.

Il est insaisissable, il rampe

................................................

A nouveau l’Amour a mon cœur battu,

Pareil au vent qui, des hauteurs,

Sur les chênes s’est abattu.

.............................................

Tu es venue, tu as bien fait :

J’avais envie de toi.

Dans mon cœur tu as allumé

Un feu qui flamboie.

..........................................

Je ne sais ce que je dois faire,

Et je sens deux âmes en moi.

..........................................

Je ne sais quel désir me garde possédée

De mourir, et de voir les rives

Des lotus, dessous la rosée.

........................................

Et moi, tu m’as oubliée.

Telle la pomme savoureuse,

Rouge au bout même de la branche,

Là-haut, sur la plus haute branche.

Ah ! les cueilleurs l’ont oubliée.

Non, ils ne l’ont pas oubliée,

Ils n’ont pas pu y arriver.

..............................................

Monte la lune dans son plein,

Les filles autour de l’autel...

.................................................

 

 

Ainsi jadis, d’un pied léger,

Dansaient les filles de la Crête,

Autour d’un autel bien-aimé,

La musique animant la fête,

Et du gazon elles foulaient

Les fleurs à la douceur si fraîche.

..........................................

Les poids chiches dorés poussaient sur le rivage.

....................................................

Le sommeil aux yeux noirs est venu sur leurs yeux.

................................... 

Est devenu froid le cœur des colombes,

Leurs ailes se sont repliées.

 

Traduit du grec par Robert Brasillach,

In « Anthologie de la poésie grecque »

Editions Stock, 1950

Voir aussi :

 « Je t’ai possédée, ô fille de Kuprôs ! » (22/02/2017)

Aphrodite / εἰς Ἀφροδίτην (30/03/2017)

A une aimée (10/05/2017)

 « Et je ne reverrai jamais... » (13/05/20)

« ... Rien n’est plus beau... » (13/05/2021)

Je serai toujours vierge (27/06/21)

« Je ne change point... » 19/05/2022)

Ode à Aphrodite (17/05/2023)

Confidences (16/05/2024)

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