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Femmes en Poésie
21 mai 2025

Saphô / Σαπφώ (vers 630 – vers 580 av. J. C.) : « Notre Anactoria, Attys, s’en est allée... ».

Mort de Sappho de Miguel Carbonell Selva

 

 

 

Notre Anactoria, Attys, s’en est allée.

 

Gardant de vos beaux jours l’image inconsolée,

 

Elle qu’émerveillait la douceur de ta voix,

 

Qui fit de toi son mile et sa pure ambroisie,

 

Elle habite aujourd’hui dans la lointaine Asie 

 


 
Comme la lune au ciel, calme, suivant sa voie,

 

Changeant la sombre mer en ruisseau de lueurs,

 

Et versant sa rosée au cœur fragrant des fleurs,

 

Pâlit autour de soi les feux vifs des étoiles,

 

Ainsi son beau regard et son front souriant

 

Eclipsent les splendeurs des femmes d’Orient.

 

Mais on âme est meurtrie et ses regards se voilent ;

 

Elle t’appelle, Attys, et son cri et sa plainte

 

Arrivent jusqu’à nous, portés par la nuit sainte.

 

 


 
 

Traduit du grec par Marguerite Yourcenar,

 

In, « La couronne et la lyre,

 

Anthologie de la poésie grecque ancienne »

 

Editions Gallimard, 1979

 


 
 
Ô mon Atthis, dans la lointaine Sarde est partie

 

Anactoria qui fut aimée de nous, Mais sa pensée souvent ici revient.


 
 
Comme jadis quand nous vivions ensemble et 

 

qu’elle t’adorait ainsi qu’une déesse apparue

 

ici-bas, et ton chant plus que tout la charmait.


 
 
Maintenant parmi les femmes lydiennes elle resplendit

 

comme, une fois le soleil

 

couché, la lune aux doigts de rose,


 
 
éclipsant tous les astres, sa lumière se ver-

 

se sur la mer salée,

 

sur les prés aussi aux maintes fleurs.


 
 
La rosée alors en gouttes de beauté est éparse,

 

s’épanouissent alors les roses et le délicat cerfeuil

 

et le mélilot parfumé.


 
 
Mais elle en mainte errance, de la douce

 

Atthis elle se souvient, dans le désir,

 

son tendre cœur pour ton destin ; oui, se consume


 
 
D’ailleurs là-bas vers elle d’un cri aigu elle nous le clame

 

     et cet appel

 

inconnu et secret, la nuit nombreuse

 

le redit par-delà les mers... entre nous...

 

 


 
 

 

Traduit du grec ancien par Yves Battistini

In, Sapphô : « Odes et fragments »

Editions Gallimard (Poésie), 2005

L’absente
 
 
O mon Atthis, dans Sardes vit au loin

 

Mnasidika que nous aimons toutes deux,

 

Et sa pensée auprès de nous revient.


 
 
Tu lui paraissais une fée

 

Aux temps où nous vivions ensemble,

 

Nul autre chant ne la charmait.


 
 
Chez les Lydiennes elle luit,

 

Comme, après le soleil couché,

 

 

La lune aux doigts de rose luit.


 
 
Près d’elle tout astre pâlit.

 

Sa clarté sur la mer salée

 

Se verse, et sur les prés fleuris.


 
 
Et la rose sous la rosée,

 

Le fin cerfeuil s’épanouit,

 

Et le mélilot parfumé.   


 
 
Mais elle, elle erre et se souvient

 

D’Atthis en fleurs, son âme est pleine

 

Du désir, cœur lourd de chagrin.


 
 
Et son cri aigu nous appelle.

 

L’appel inconnu et secret,

 

 

La nuit aux multiples oreilles,

 

A travers les mers entre nous,

 

L’a entendu et répété...

 


 
 
 
Traduit du grec par Robert Brasillach,

 

In « Anthologie de la poésie grecque »

 

Editions Stock, 1950

Voir aussi :


 « Je t’ai possédée, ô fille de Kuprôs ! » (22/02/2017)


Aphrodite / εἰς Ἀφροδίτην (30/03/2017)


A une aimée (10/05/2017)


Nocturnes (14/05/2019)


 « Et je ne reverrai jamais... » (13/05/2020)


« ... Rien n’est plus beau... » (13/05/2021)


Je serai toujours vierge (27/06/2021)


« Je ne change point... » 19/05/2022)


Ode à Aphrodite (17/05/2023)


Confidences (16/05/2024)
 

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