Selma Meerbaum-Eisinger (1924 – 1942) : « Ô toi, sais-tu comment crie un corbeau ?... » / « Du, weißt du, wie ein Rabe schreit..
Ô toi, sais-tu comment crie un corbeau ?
Et comment la nuit, blême, effrayée,
Ne sait plus par où s’enfuir ?
Sais-tu comment, anxieuse, elle ne sait plus
Si c’est son règne ou si ce n’est plus son règne,
Si elle appartient au vent ou si c’est lui qui lui appartient ?
Et les loups, avec leur voracité,
Ne sont-ils pas prêts à nous déchirer ?
Ô toi, sais-tu comment le vent hurle aujourd’hui
Et comment la forêt, blême, effrayée,
Ne sait plus par où s’enfuir ?
Sais-tu comment, anxieux, il ne sait plus
Si c’est son règne ou si ce n’est pas son règne,
S’il appartient à la pluie ou à la nuit ?
Et la mort, qui rit lugubrement
N’est-elle pas son maître suprême ?
Ô toi, sais-tu comment pleure la pluie ?
Et comment je m’en vais, blême, effrayée,
Sans savoir par où m’enfuir ?
Et sais-tu comment, anxieuse, je ne sais plus
Si c’est mon règne ou si ce n’est pas mon règne,
Si la nuit m’appartient ou si c’est moi qui lui appartiens ?
Et n’est-ce pas ma lèvre, si pâle, si confuse,
Celle qui vraiment pleure ?
4 mars 1941
Traduit de l’allemand par Marc Sagnol
In, Revue « Temporel, N°20, 23 Septembre 2015 »
Revue en ligne publiée par l’Atelier GuyAnne, 77144 Chalifert
Du, weißt du, wie ein Rabe schreit?
Und wie die Nacht, erschrocken bleich,
nicht weiß, wohin zu fliehn?
Wie sie verängstigt nicht mehr weiß:
Ist es ihr Reich, ist es nicht ihr Reich,
gehört sie dem Wind oder er ihr,
und sind die Wölfe mit ihrer Gier
nicht zum Zerreißen bereit?
Du, weißt du, wie der Wind schrill heult
und wie der Wald, erschrocken bleich,
nicht weiß, wohin zu fliehn?
Wie er verängstigt nicht mehr weiß:
Ist es sein Reich, ist es nicht sein Reich,
gehört er dem Regen oder der Nacht
und ist der Tod, der schauerlich lacht,
nicht sein allerhöchster Herr?
Du, weißt du, wie der Regen weint?
Und wie ich geh’, erschrocken bleich,
und nicht weiß, wohin zu fliehn?
Wie ich verängstigt nicht mehr weiß:
Ist es mein Reich, ist es nicht mein Reich,
gehört die Nacht mir, oder ich, gehör’ ich ihr,
und ist mein Mund, so blaß und wirr,
nicht der, der wirklich weint?
Ich bin in Sehnsucht eingehüllt
Hoffmann und Campe Verlag, Hamburg, 1980
Voir aussi :
Chant de désir / Sehnsuchtslied (09/03/2021)