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Femmes en Poésie
9 mars 2023

Selma Meerbaum-Eisinger (1924 – 1942) : Rêves / Träume

03s[1]Czernowitz, vers 1940 (Yad Vashem)

 

Rêves

 

Mes nuits sont tressées de rêves

Doux comme le vin nouveau

J’ai rêvé que les fleurs des arbres tombaient

M’enveloppaient, me recouvraient.

 

Et toutes ces fleurs devenaient des baisers

Brûlants comme le vin rouge

Et tristes comme des papillons de nuit qui savent

Qu’ils devront s’éteindre dans le faux-semblant de la mort

 

Mes nuits sont tressées de rêves

Lourds comme le sable fatigué

J’ai rêvé que, des arbres mourants,

Les feuilles tombaient dans ma main.

 

Et toutes ces feuilles devenaient des mains

Qui caressaient comme un sable mouvant

Et étaient fatiguées comme des papillons qui savent

Qu’ils finiront avant le rayon du soleil

 

Mes nuits sont tressées de rêves

Bleus comme le mal d’amour

J’ai rêvé que de tous les arbres tombaient

Des flocons de neige qui tintinabulaient

 

Et tous ces flocons devenaient des larmes

Que j’ai pleurées chaudement –

Comprends mes rêves, mon amant,

Ils sont tous pleins de désir pour toi.

8 novembre 1941

 

 

Traduit de l’allemand par Marc Sagnol

In, Revue « Temporel, N°20, 23 Septembre 2015 »

Revue en ligne publiée par l’Atelier GuyAnne, 77144 Chalifert

 

Träume

 

Es sind meine Nächte

durchflochten von Träumen,

die süß sind wie junger Wein.

Ich träume, es fallen die Blüten von Bäumen

und hüllen und decken mich ein. 

 

Und alle diese Blüten,

sie werden zu Küssen,

die heiß sind wie roter Wein

und traurig wie Falter, die wissen: sie müssen

verlöschen im sterbenden Schein.

 

Es sind meine Nächte

durchflochten von Träumen,

die schwer sind wie müder Sand.

Ich träume, es fallen von sterbenden Bäumen

die Blätter in meine Hand.

 

Und all diese Blätter,

sie werden zu Händen,

die zärteln wie rollender Sand

und müd sind wie Falter, die wissen: sie enden

noch eh' sie ein Sonnenstrahl fand.

 

Es sind meine Nächte

durchflochten von Träumen,

die blau sind wie Sehnsuchtsweh.

Ich träume, es fallen von allen Bäumen

Flocken von klingendem Schnee. 

 

Und all diese Flocken

sie werden zu Tränen.

Ich weinte sie heiß und wirr –

begreif meine Träume, Geliebter, sie sehnen

sich alle nur ewig nach dir.

 

Ich bin in Sehnsucht eingehüllt

Hoffmann und Campe Verlag, Hamburg, 1980

Voir aussi :

Chant de désir / Sehnsuchtslied (09/03/2021)

« Ô toi, sais-tu comment crie un corbeau ?... » / « Du, weißt du, wie ein Rabe schreit...» (09/03/2022)

Commentaires
S
Magnifique poème. <br /> <br /> <br /> <br /> Inutile de rajouter autre chose.
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