Li Qingzhao / 李清照 (1084 – vers 1155) : Amour et mélancolie
Amour et mélancolie
(Chant sur la Brindille de Mume)
Le lotus rouge se fane
La nappe verte de bambou annonce l’automne
Je défais doucement ma robe de soie
et seule, saute dans la barque mouvante
Qui m’envoie un message à travers les nuages ?
Les oies sauvages sont déjà de retour
Mon pavillon d’ouest gémit au clair de lune
Rien n’arrête les pétales qui s’en vont au gré de l’eau
Si loin de l’autre, un même amour nous tourmente
Rien ne peut apaiser cette douleur qui se lisait déjà sur mon visage
Et commence maintenant à envahir mon cœur.
Traduit du chinois par Shi Bo
in, «A celui qui voyageait loin. Poèmes d’amour de femmes chinoises,
(VIIème – XVIème siècle) »
Editions Alternatives, 2000
Air : « Un rameau de prunus ».
Le parfum des lotus rouges a faibli, natte lisse comme le jade, automne
Doucement je dénoue ma jupe de soie fine
Et monte seule dans la barque d’orchis.
Des nuages qui a envoyé cette lettre de brocart ?
Quand les oies sauvages ont fini d’écrire leur signe,
La lune inonde le pavillon de l’ouest.
Les fleurs d’elles-mêmes fanent et se dispersent, les eaux s’écoulent à leur gré,
Une seule et même pensée amoureuse,
Deux lieux à notre peine sans fin.
Ce sentiment, nul leurre ne peut l’éliminer,
Sitôt tombé entre les sourcils,
Il remonte à la pointe du cœur.
Traduit du chinois par Stéphane Feuillas
in, « Anthologie de la poésie chinoise classique »
Editions Gallimard (Poésie) 1962
Voir aussi :
Tristesse de la séparation (17/03/2022)
Le printemps finissant (16/03/2024)