Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Femmes en Poésie
25 février 2025

Heather Dohollau (1925 - 2013) : Octobre Toscan

 

 

Octobre toscan
 
 

SOIR A VOLTERRA


 
Des figurants de Friedrich qui attendent

 

En silence sur un mur au crépuscule

 

Touchant par vol immobile au mystère

 

Une marée d’or aux interstices du monde

 

Ici où la nuit monte de la terre

 

Où loin en bas un serpent d’argent fuit

 

Là où les montagnes dans leurs plis extrêmes

 

Tombent sur d’autres versants au-delà de l’ombre


 
 

LE BALZE


 
Une fâcherie de jeunes devant une scène

 

De chute extrême et sans finalité

 

Tombée du soir ici où tout tombe

 

Et nous de même les quelques arbres

 

Se penchant hors du gouffre épargnent leur souffle

 

Seulement nos yeux les gardent nos cœurs mesurent

 

Une courbe de flèche le vol retient le nid

 

Toujours au bord la balance porte

 

En contre-poids de tout une fleur de rien

 

Fiction suprême tenant en gage le temps


 
 

L’APPARITA


 
Une apparition voir pour ne pas voir

 

La scène d’herbe rase ascèse de lames

 

Et de larmes du rouge et du vert


 
          Des spectres en plein jour

 

          Faites-leur de la place !


 
          « Temps perdu hors de l’amour » ?


 
Mais ici c’est le palais de ce temps

 

Le lieu des vents l’aigu de tout parfum

 

La colline simple des signes

 

Une geste de l’air


 
 

LES BAINS DE MORBO


 
Un lieu rouge et gai dans ce lieu morne

 

Par un court après-midi d’octobre

 

Des bains de Morbo de Laurent et sa mère

 

D’il y a cinq siècles ne restent que l’eau

 

Des fontaines les lignes tremblées d’un jardin

 

Mais le lion rit et les feuilles tombées des arbres

 

Ont mémoire de longs jours au goût de souffre

 

Ramassés ardents dans les plis du soir

 

Enfin la tour !

 

La mienne en rêve

 

Ou celle de Yeats

 

Au bout du voyage

 

Ici elle termine tout

 

Parmi les pentes des toits

 

Les fentes des chemins

 

Les plantes suspendent

 

Leurs prévisions précaires

 

Aux clous de l’air

 

La terre tourne et tombe

 

Mais la flamme est haute

 

Se tenant à sa place

 

En haut du jour

 


 
 

CETINALE


 
Suspendu sur la colline comme un glaive

 

Le purgatoire domine le paradis

 


 

Le raptus d’une montée par les arbres

 

Quoique pas à pas et dans une gaine de souffle

 

Sépare en deux le jour dédouble les heures

 

Retourne le regard et détache pour l’œil

 

Le paysage d’une promesse dans un temps

 

De mémoire présente ou de futur proche

 

De l’autre côté d’une barrière du même

 

Le paradis est ce qui se trouve là

 

Mais l’on doit tromper l’image dans la fleur

 

La maison borde ses pierres l’herbe est de grâce

 


 

Les fleurs de salvia brûlent vers le haut

 

Du mur du presbytère au jardin clair

 

Poussant la porte de l’église c’est le noir

 

L’aile éphémère de l’ombre mais le jour revient

 

Les piliers se dégagent le toit remonte

 

Le silence creuse en avant las pas mènent

 

Au croisement de la nef et là s’arrêtent

 

Une présence y fait face le cœur se pose


 
 

La terre âgée.

 

Editions Folle Avoine,35023Bédée 1996

 

 

Voir aussi :


 « Matière de lumière les murs… » (14/01/2017)


« Si pour vivre il suffit de toucher la terre… » (11/02/2017)


La terre âgée (21/03/2017)


L’après-midi à Bréhat (28/04/2017)


Mère bleue (05/03/2018)


L’ombre au soleil (05/03/19)


Le tertre blanc (05/03/20)


Paulina à Orta (05/03/2021)


Lieux (06/03/2022)


Fleurs (05/03/2023)


Les larmes de Carthage (05/03/2024)

 

Commentaires
Femmes en Poésie
Archives