Laure Morali (1972 -) : « les racines du ciel... »
les racines du ciel
tombent en cloches
de verre
le vent creuse
la cabane
des anges
*
le nuage évaporant ses lettres
le monde boit selon sa loi
suivons-la sans tarder
le coeur ouvert
miroir juste et constant
le ciel semble stable
lorsqu’il s’écroule
à travers
tout
*
« Il était un pêcheur venu sur la terre... »
tandis que je marchais enivrée par le crachin
les anges de Suzanne sur les clochers
au Vieux-Port la tour de l’horloge
à l’aiguille figée qu’il soit
toujours huit heures dans le poème
du ciel elles m’ont escortée
huit mouettes d’un seul regard
m’ont fait entendre
le silence vivant
sous la peau
la mer
*
vivre en marée humaine
dans la démesure
d’une force
fille des vagues
habituée au flux
ne cherche pas la mer
est la vie au vent chaque fois
qu’une démarche chaloupe
de son enfance elles surgissent
les mouettes effilochées
dessinent une phrase
lue au loin
même les anges ont besoin d’amour
*
« aren’t you tired baby trying to fly when
you don’t have the height »
rue Notre-Dame un joueur de guitare
sa voix bluegrass sent le pain chaud
voyage partout où la vie glisse
sous les mégots écrasés et les larmes sèches
un nuage tombe en flèche vers la terre
en cette journée de pleine lune
nous courons malgré ce chant
riche des vallées de pénombre
et des herbes grasses la blessure
dans la paume refermée à l’abri
d’un visage bleu l’ange et la soif
*
le ciel parle
son souffle
nous maintient
en équilibre
dans l’espace
*
fluidité des lettres de rêve
une fleur flotte à l’envers
unis par le cœur
ses pétales portent
chacun ses propres veinures
aux motifs variés de volutes
par combien d’univers
jumeaux sommes-nous
*
à l’étoile le vide
rassemble
nos lumières
calme le cœur
nous sommes le voyage
Personne seulement
Editions Mémoires d’encrier, Montréal, 2023
Voir aussi :
« Je t’écris sans papier… » (12/05/2017)
Gràce (20/06/2020)