Angèle Vannier (1910 – 1980) : Poème fermé
Poème fermé
à Théophile Briant
Un oiseau invisible existe dans l’espace
Et chaque battement de ses ailes enfante
Un compagnon de vol dans un univers clos.
Mon âme dort sous des paupières transparentes.
Egypte aux cheveux longs ma sœur en Osiris
Je vais sur ma bruyère en glanant des ibis
En cherchant les morceaux de mon rêve éclaté.
Je ne suis pas de cette histoire sans parole
Qu’on me raconte à la veillée pour m’endormir
Mes aïeux ont tourné la tête du menhir
Mais je connais le sol que ses racines mangent
Et mes fils au sang froid me trahissent tout haut
Machinistes du siècle esclaves de leur peau
A chaque tour de roue ils écrasent un ange.
Mon âme ouvre les yeux pour prendre du repos.
De son chant l’alouette efface mes péchés
De son aile m’écrit ma juste parole.
Je sais que l’œil de lynx éventre la ténèbre
Que j’ai subi l’affront de vivre sans vertèbre
Que j’ai sept noms cachés dans un de me regards
Que mon cops glorieux n’attend que mon audace
Pour marcher simplement dans un champ de blé noir.
Un oiseau divisible existe dans l’espace.
A hauteur d'ange
La maison du poète, Dilbeek (Belgique),1955
Voir aussi :
L’aveugle à son miroir (29/06/2017)
J’adhère (25/06/2018)
« Je suis née de la mer » (25/06/2019)
Vent printemps (25/06/20)
Pierre levée (25/06/2021)