Angèle Vannier (1917 – 1980) : Pierre levée
Pierre levée
Pierre je compatis à ta vie lente et dure.
Même le saule en pleurs ne me déchire pas
Comme le verbe d’or caché sous ton armure.
J’entrerai dans ta nuit dans la nuit de Noël
Et quand tu te mettras à tourner sur toi-même
Tu sauras qu’une seule enfant des hommes t’aime
Et se souvient d’avoir été semblable à toi.
Bruyères de mon sang pardonnez-moi l’adieu
Que je vous ai donné sans détourner la tête
Je suis de ce granit qui pense et qui ne peut
Traduire pour Jésus sa prière muette.
Règne du minéral ouvre-moi ton église
Et travaillons ensemble à refuser l’hiver.
Pierre levée nous prévaudrons contre l’enfer
Le diable et ses petits ricanent dans la brise
Et qu’ils fassent leurs dents leurs ongles sur nos chairs
Qui durent lentement debout face à la mer.
A hauteur d'ange
La maison du poète, Dilbeek (Belgique),1955
Voir aussi :
L’aveugle à son miroir (29/06/2017)
J’adhère (25/06/2018)
« Je suis née de la mer » (25/06/2019)
Vent printemps (25/06/20)
Poème fermé (25/06/2022)