Edith Azam (1973 -) : Tout Tom tout seul
Tout Tom tout seul
TOM. TOM TOUT SEUL. En boule, électrisé. Tom ses mains, ses
mains l’ont reconnu. Le corps a reconnu son nom. Mais Tom
toujours, toujours mémoire : Partie. Ne sait plus toujours
rien Tom. Aucun accès fichiers mémoire. A ses poignets la
ligne juste, le juste ligne : Couteau / Mémoire.
Tom, toute la mémoire dans le corps, tout Tom rouler en
boule, respire lentement. Essaie de défiger les choses. Essaie
de trouver sensation pour rétablir contact au monde. Tom,
tout Tom du bout des doigts s’approche pas à pas de lui-
même, caresses sur visage, respire lentement, respire.
Tout Tom le corps, le corps de Tom, l’entier du corps de Tom
revient. Tom chaud, trop chaud. Sa peau même, il croit
qu’elle brûle. Et dans sa tête, pareil : Ca brûle.
TOM. TOM TOUT SEUL va vers la fenêtre. Regarde seul, entre
barreaux. Avec les mains, il s’y agrippe, sans violence. Il se
cramponne fort. Fort tellement, qu’au milieu, dans les
mains, sur les lignes, ça fait mal, ça cuit.
Accroché aux barreaux. C’est comme ça qu’il prie Tom, avec
les yeux remplis de grillage. Et c’est comme ça qu’il est tout
le temps : A prier, lèvres ouvertes, comme pour la pluie, la
gober comme avant. A prier souffle court, narines dilates,
Tom : animal sauvage.
A l’horizon : Rien. Ciel sur grillage. Mains sur barreaux, sel
sur fissure : la ligne juste.
Trop fatigué Tom, pour dormir. Tom, la fatigue, c’est pareil. C’est pareil, c’est
total. Tout Tom égale fatigue, fatigue égale tout Tom. Tom, ça lui brûle tout le
corps. De dormir pouvoir pas, ça lui brûle tout le corps, et dans cerveau çà
lance. De pas trouver le sommeil, Tom, il en pleure.
Tout Tom tout seul.
Et pleure dans ses mains Tom, et sel, sel sur fissure, sur ligne nette faite au
couteau, sur ligne juste de la main.
Seul Tom, dans son lit, somnifères dans les yeux, tout Tom pleure : Dormir,
pas
TOM TOUT SEUL. Tout Tom regarde oiseaux, fait oiseau.
Tom, tout Tom est oiseau.
Regarde nuage Tom, fait nuage. Tom est nuage.
Tout Tom regarde vide : Tom se regarde.
Tom, le vide, Tom vertige.
Tom voit Tom et tombe sur carrelage cause que vertige égale Tom, lui, Tom,
il tombe. Vide.
Tom froid, trop froid. Sa peau même, il croit qu’elle craque.
Et dans sa tête pareil : Ca craque.
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Tout Tom tout seul
in Revue « Lgo, N°1 », Juin2007
Editions Le grand Os, 31200 Toulouse
Voir aussi :
Bestiole-moi Pupille (1) (05/11/2023)
Bestiole-moi Pupille (2) (08/11/2024)