Leanne O’Sullivan (1983 -) : Enfants du Cillínach / Children of the Cillínach
Enfants du Cillínach (*)
Viens à nous avec des lis et des reines des prés,
viens à nous de cœur et non de vue,
cette palpitation d’amour toute douleur encore,
dans le cercueil de sombre terreau de ton ventre.
Maman, j’ai reconnu ton poids
et la longueur de tes mains douces
alors que tu t’inclinais sur ce sol rude, à l’abandon.
Je t’ai reconnue aux pâquerettes d’oubli
liées avec de la ficelle bleu et rouge.
J’ouvre les yeux ; tu me regardes.
Si jamais on m’autorise une voix
tu me reconnaîtras quand je parlerai :
si j’étais privé d’ailes dans le néant,
je te rapporterais toute une réminiscence de plumes.
La faux qui sape la vie, je m’en souviens,
et au-dessus, un chœur d’oiseaux, les pétales
des pâquerettes se soulevant. Ecoute-moi :
je te reconnaîtrai encore parmi les grillons
et les arbres ondoyants. Nous survivrons à la terre.
N’es-tu pas ma mère ?
N’est-ce pas toi que j’ai entendue dans le tumulte de l’ombre ?
Celle dont j’ai senti
que m’exhumaient les mains pour baptiser mon âme
sous un surgissement de larmes ?
(*) Lieu où sont inhumés les enfants morts non encore baptisés, destinés à séjourner dans les limbes,
selon la religion catholique.
Traduit de l’anglais par Anne Mounic
In, Revue « Temporel, N°9, 26 Avril 2010
Revue en ligne publiée par l’Atelier GuyAnne
77144 Chalifert
Children of the Cillínach
Come to us with lilies and meadowsweet,
come to us by heart and not by sight,
that heaving of love which aches still,
coffined in your belly’s darkening loam.
Mother, I’ve known your weight
and the length of your soft hands
bent over this rugged, unworked soil.
I’ve known you by the forgetful daisies
strung with blue and red twine.
I open my eyes ; you are watching me.
If ever I am allowed a voice
you will know me when I speak :
if I was unwinged in nothingnesss I would
bring home to you a memory of wings.
The scythe which undercuts life I remember,
and above, a chorus of birds, the petals
of daisies lifting. Hear me ;
I will know you again among the crickets
and billowing trees. We will survive the earth.
Are you not my mother ?
Was it not you I heard in the thrashing dark ?
The one whose hands
I felt unbury me and baptise my soul
in a fountaining of tears ?
Voir aussi :
Naissance / Birth (11/11/2021)
Moineau / Sparrow (10/11/2022)