Kadia Molodowski (1894 - 1975) / קאַדיע מאָלאָדאָװסק : Une prière
Une prière
Je me réveille à l’aube et ma prière
Est un poison amer.
J’appelle le déluge une nouvelle fois
A projeter plus haut que les tours et les toits
Tous les flots de la mer,
Que ne puise voguer nulle arche secourable.
O ! comme il sera bon le frôlement glacé
De la mort.
Peut-être éteindra -t-il la souffrance amassée
Dans nos corps,
Les décombres du cœur, la honte de mâcher
Le pain, au bord
Des cendres par monceaux de nos frères et sœurs.
O ! comme il sera bon de toucher les nuages
Dans cette nage d’agonie,
Sentir peut-être en moi cette douceur descendre :
Entendre de ces corps dont volèrent les cendres
Une voix pure.
J’apaiserai – fermant le cercle de la vie –
Le cri de leur blessure.
Traduit du yiddish par Charles Dobzynski
In, « Anthologie de la poésie yiddish. Le miroir d’un peuple »
Editions Gallimard (Poésie), 2000
Voir aussi :
Dieu de miséricorde (19/09/2019)
Dans la forêt (18/09/2021)
Angoisse (19/09/2022)