Bernadéte Bidàude ( 1968 -) : « Comme mille signatures ... »
Comme mille signatures
sur nos peaux de vivants,
cicatrices et brûlures
ampoule grattée jusqu’au sang
mille et une traces sur la peau de nos âmes
mille et une rides nous racontent et nous tissent
grains de sable, égratignures
raies blanches et coutures
brûlures et cicatrices
taches de naissance
rides, stigmates et tatouages
et aussi tout ce qui ne se voit pas...
Y a la peau d’pêche d’Isabelle qu’affole le monde des deux sexes
la peau d’orange de Marie-Ange qu’embaume la caisse de chez Leclerc
la peau d’banane de Mémé Suzanne que les morveux glissent sous ses savates
la peau d’ange du petit Clément que sa mère couve si pieusement
la peau d’serpent du gars Vincent qu’a dans la peau la petite Margot,
la peau d’vipère de la mère Henriette qu’à jamais pu sentir Paulo,
et la vieille peau d’Monsieur Jobert qui supporte pas les noirs de peau
alors Alice qui a la niaque a promis de lui faire la peau.
Ainsi va tout ce beau monde
à fleur de plume
à fleur de poil
à fleur de peau.
Comme mille signatures
sur nos peaux de vivants,
brûlures et cicatrices
ampoule grattée jusqu’au sang
mille et une traces sur la peau de nos âmes
mille et une rides nous racontent et nous tissent.
grains de sable, égratignures,
raies blanches et coutures,
brûlures et cicatrices
taches de naissance
rides, stigmates et tatouages
et toutes les invisibles traces ...
Je te titille, tu te grattes
je t’effleure, tu te tâtes
tu me masses, tu me touches
je te flatte, je te chatouille
tu me pétris, je te frotte
tu me palpes, je te tripote
tu me pinces ... Aïe !
Y a la peau d’pêche d’Isabelle qu’affole le monde des deux sexes
la peau d’orange de Marie-Ange qu’embaume la caisse de chez Leclerc
la peau d’banane de Mémé Suzanne que les morveux glissent sous ses savates
y a la peau d’ange du petit Clément que sa mère couve si pieusement
la peau d’serpent du gars Vincent qu’a dans la peau la petite Margot,
la peau d’vipère de la mère Henriette qu’à jamais pu sentir Paulo,
et la vieille peau d’Monsieur Jobert qui supporte pas les noirs de peau
alors Alice qui a la niaque s’est juré de lui faire la peau.
Ainsi va tout ce beau monde
à fleur de plume
à fleur de poil
à fleur de peau.
Comme mille signatures
sur nos peaux de vivants,
brûlures et cicatrices
ampoule grattée jusqu’au sang
mille et une traces sur la peau de nos âmes
mille et une rides sur la peau de nos vies
dragons et papillons
fleurs de paradis,
filles voluptueuses
prénoms de nos folies
jalonnent les épidermes
balisent les corps
tatouent les cuirs
de nos histoires
entre caresseurs et tueurs
trop d’empreintes digitales
trop de signes possessifs
sur les corps abandonnés
trop d’emprises sur la chair
sur la tendresse de nos âmes
sur le tendre des peaux
on ne s’y reconnaît plus
entre amoureux et tueurs
trop d’empreintes digitales
sur la peau des passions
trop d’emprises dessinées
sur la tendresse des chairs
trop de signes possessifs
sur les corps abandonnés
on ne s’y reconnaît plus
Ainsi va tout ce beau monde
à fleur de plume
à fleur de poil
à fleur de peau.
Comme mille signatures
sur nos peaux de vivants,
cicatrices et brûlures
ampoule grattée jusqu’au sang
Mille et une traces sur la peau de nos âmes
Mille et une rides sur la peau de nos vies
Sous ton cuir, j’entends un rire
tu sens une peine sous ma couenne,
changer de souffle, de pieds, de ventre,
devenir un battement d’aile
soulever la peau de l’aube
le voile de tous nos rêves
Ainsi va tout ce beau monde
à fleur de plume
à fleur de poil
à fleur de peau ?
Comme mille signatures
sur nos peaux de vivants,
brûlures et cicatrices
ampoule grattée jusqu’au sang
mille et une traces sur la peau de nos âmes
mille et une rides nous racontent et nous tissent
grains de sable, égratignures
raies blanches et coutures
brûlures et cicatrices
taches de naissance
rides, stigmates et tatouages
et toutes les invisibles traces.
Je te titille, tu te grattes
je t’effleure, tu te tâtes
tu me masses, tu me touches
je te flatte, je te chatouille
tu me pétris, je te frotte
tu me palpes, je te tripote
tu me pinces ... Aïe !
Y a la peau d’pêche d’Isabelle qu’affole le monde des deux sexes
la peau d’orange de Marie-Ange qu’embaume la caisse de chez Leclerc
la peau d’banane de Mémé Suzanne que les morveux glissent sous ses savates
y a la peau d’ange du petit Clément que sa mère couve si pieusement
la peau d’serpent du gars Vincent qu’a dans la peau la petite Margot,
la peau d’vipère de la mère Henriette qu’à jamais pu sentir Paulo,
et la vieille peau de Monsieur Jobert qui supporte pas les noirs de peau
alors Alice qui a la niaque s’est juré de lui faire la peau !
Ainsi va tout ce beau monde
à fleur de plume
à fleur de poil
à fleur de peau.
Fleur de peau
Traces éditeur, 80540 Saint-Benoist-sur-Mer, 2009