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Femmes en Poésie
2 août 2019

Emily Jane Brontë (1818 – 1848) : « Je viendrai quand ... » / « I’ll come when …”

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Je viendrai quand tu connaîtras la pire angoisse,

Allongé, seul, dans la chambre assombrie,

La folle joie de la journée évanouie

Et l’heureux sourire banni

Des ténèbres glacées du soir.

 

Je viendrai quand le vrai sentiment de ton cœur

Régnera pleinement, sans rien pour le gauchir,

Et que mon influence, se glissant en toi,

Aggravant la désolation, gelant la joie,

Emportera ton âme.

 

Ecoute : voici l’heure, voici

Pour toi le moment redoutable ;

Ne sens-tu pas déferler sur ton âme

Un flot d’étranges sensations,

Signes avant-coureurs d’un plus rude pouvoir,

Hérauts de mon avènement ?

Novembre 1837

 

Traduit de l’anglais par Pierre Leyris,

In, Emily Bronte : Poèmes (1836 – 1846)

Editions Gallimard, 1963

 

Je viendrai près de toi quand ton cœur sera triste ;

J’emplirai de clarté ta chambre emplie de nuit,

Quand s’estompe le jour et sa rumeur bruyante,

Quan s’étend l’ombre désolée

Où frissonne le soir

 

Je viendrai quand l’ennui de ton cœur excédé

Te tiendra dans ses chaînes ;

Alors ma volonté, s’emparant de la tienne,

-Tandis que ton chagrin se fera plus profond,

Que ta joie ne sera plus qu’une cendre froide –

Emportera ton âme au loin.

 

Ecoute ! voici l’heure,

le moment suprême pour toi :

Ne sens-tu pas s’abattre sur ton âme

Un flot de sensations étranges,

Signes avant-coureurs d’une force plus rude,

Hérauts de l’Esprit que je suis ?

Novembre 1837

 

Traduit de l’anglais par Mireille Best,

in, Emily Brontë « Les orages du cœur »

Pierre Seghers éditeur (Cahiers P.S.), 1950

 

J’apparaîtrai quand tu seras tout triste,

Allongé seul dans la chambre aux ténèbres,

L’allégresse du jour évanouie

Et le sourire du bonheur perdu

     Parmi le deuil glacé du soir.

 

J’apparaîtrai quand les vrais sentiments

Habiteront ton cœur, sans un détour,

Et que, te maîtrisant, mon influence

A creuser la douleur, tuer la joie,

     Emportera ton âme.

 

Ecoute, voici l’heure,

Et ton pire moment :

Ne sens-tu pas sur l’âme

Un flot d’étranges sensations

Annonçant un pouvoir plus terrible,

Messagères de moi ?

 

Traduit de l’anglais par Alain Bosquet

In, revue Poésie 1, N°33, mars 2003

Le cherche midi éditeur, 2003

 

 

 

I’ll come when thou art saddest,

Laid alone in the darkened room;

When the mad day’s mirth has vanished,

And the smile of joy is banished

From evening’s chilly gloom.

 

 

I’ll come when the heart’s real feeling

Has entire unbiased sway,

And my influence o’er thee stealing,

Grief deepening joy congealing,

Shall bear thy soul away.

 

 

Listen ’tis just the hour,

The awful time for thee;

Dost thou not feel upon thy soul

A flood of strange sensations roll,

Forerunners of a sterner power,

Heralds of me?

Voir aussi :

Il devrait n’être point de désespoir pour toi / There should be no despair for you (02/03/2017)

Le soleil est couché / The sun has set (05/04/2017)

« Autour de moi des tombes grises... / « I see around me tombstones grey…” (01/08/2018)

« Mon plus grand bonheur... »  / « I’m appiest… » (30/06/2019)

Viens-t’en avec moi / Come, walk with me (02/08/2020)

« Dis-moi, dis, souriante enfant... » / « Tell me, tell me, smiling child... » (01/08/2021) 

Brouillard léger sur la colline / Mild the mist upon the hill (06/02/2022)

« Comme elle brille clair ... » / « How clear she shines... » (05/02/2023)

Chanson / Song (06/02/2024)

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