Joyce Mansour (1928 – 1986) : Chant arabe
Chant arabe
L’œil bascule dans la nuit au moment du trépas
O la blanche fulgurance folie des ailes qu’on ne connaît pas
Ouatées de silence elles frôlent le bras sur l’oreiller
Et ouvrent l’œil rond à la nuit de l’impalpable
Le froid tisseur de tubéreuse trépigne sur ma pupille
Je vois glisser la tenture mobile de l’horizon qui rutile
[et qui s’agite
Telle une peau frémissante sur un corps qui se dérobe
La houle feutrée de mon abdomen se fige de peur démente
J’éternue mais je ne bouge pas
Et l’œil qui cloître mes rêves qui nage et qui clignote
L’œil envahit mes nuits
La nuit la nuit l’orage
L’œil éblouissant aux floraisons étranges
L’œil malade d’images
Rapaces,
Pierres Seghers éditeur, 1960
Voir aussi :
Bleu comme le désert (15/01/2017)
« Le téléphone sonne… » (18/02/2017)
Pericoloso sporgersi (29/04/2017)
Trous noirs (22/03/2018)
« Les vices des hommes... » (18/01/2019)
La cuirasse (17/12/2020)
Pour les 50 ans de Balthazar (17/12/2021)
Papier d’argent (17/12/2022)
L’empire du serpent (17/12/2023)