Sylvia Plath (1932 – 1963) : L’agneau de Marie
L’agneau de Marie
L’agneau pascal frit dans sa graisse.
La graisse
Sacrifie son opacité…
La vitre est d’or sacré.
Le feu la rend précieuse,
Le même feu toujours
Fondant le suif des hérétiques
Et débusquant les juifs.
Leurs draps de fumée noire ondoient
Sur les stigmates de la Pologne
Et l’Allemagne incendiée.
Ils ne meurent pas.
Des oiseaux gris hantent mon cœur,
Bouche en cendre, œil cendreux,
Ils se posent. Sur l’immense
Précipice
Qui a vidé un homme dans l’espace
Les fours flambaient en cieux, incandescents.
Et c’est un cœur,
L’holocauste où j’entre,
O bel enfant d’or que le monde tue et mange.
Traduit de l’anglais par Françoise Morvan et Valérie Rouzeau
In, « Sylvia Plath : Arbres d’hiver précédé de La Traversée »
Editions Gallimard (Poésie), 1999
Voir aussi :
Lettre d’amour / Love letter (16/04/2017)
Berck plage / Berck-plage (12/11/2017)
Wuthering Heights (11/11/2018)
Traversée / Crossing the water (03/01/2024)