Et je ne reverrai jamais ma douce Attys.
Mourir est moins cruel que ce sort odieux ;
Et je la vis pleurer au moment des adieux.
Elle disait : « Je pars. Partir est chose dure. »
Je lui dis : « Sois heureuse, et va, car rien ne dure.
Mais souviens-toi toujours combien je t’ai aimée.
Nous tenant par la main, dans la nuit parfumée,
Nous allions à la source ou rôdions par les landes.
J’ai tressé pour ton cou d’entêtantes guirlandes ;
La verveine, la rose et la fraîche hyacinthe
Nouaient sur ton beau sein leur odorante étreinte ;
Les baumes précieux oignaient ton corps charmant
Et jeune. Prés de moi reposant tendrement,
Tu recevais des mains des expertes servantes
Les milles objets que l’art et la mollesse inventent
Pour parer la beauté des filles d’Ionie...
Ô plaisir disparu ! Joie à jamais finie !
L’éperdu rossignol charmait les bois épais,
Et la vie était douce et notre cœur en paix... »
Traduit du grec par Marguerite Yourcenar,
In, « La couronne et la lyre,
Anthologie de la poésie grecque ancienne »
Editions Gallimard, 1979
Voir aussi :
« Je t’ai possédée, ô fille de Kuprôs ! » (22/02/2017)
Aphrodite / εἰς Ἀφροδίτην (30/03/2017)
A une aimée (10/05/2017)
Nocturnes (14/05/201919)
poème délicat