Hadassa Tal (1953 -) : Fille
Fille
Peut-être vais-je révéler ton nom
le crier, le crier lentement
le respirer
peut-être vais-je le taire
l’unir à l’ivresse du raisin pressé
le siroter et grogner, imbibée de vent
murmurer un hymne aux herbes marines
le dégorger de rochers suant dans la lumière, pieds dans l’eau
peut-être vais-je y déchirer le silence
le déposer dans le ventre d’une cigale et dans les éboulis de sa voix,
ton nom s’élèvera si pleinement humain, comblant de douceur la vie.
Peut-être…
peut-être vais-je livrer la flamme désespérée à la rose
faire germer le chagrin dans la terre, et avec lui, une étourderie printanière
peut-être fleurira-t-elle
depuis les frissons du jardin en friche je crierai « Viens, le dîner est prêt »
Mais parle, parle-moi comme les saisons, parle-moi comme la pluie,
parle
Je comprendrai peut-être le poème éternel des mortels.
Dans la pupille de ta perte, moi, un reflet
Toi, la fine lumière emperlée qui tombe.
Tu as glissé
comme la soie sur la peau
d’un corps nu,
sur les seins
de la nuit
noire
brûle
une
étoile
Traduit de l’hébreu par Eliana B.R.
In, Revue « Temporel, N°23, 26 Avril 2017 »
Revue en ligne publiée par l’Atelier GuyAnne, 77144 Chalifert