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Femmes en Poésie
3 janvier 2023

Alicia Suskin Ostriker (1937 -) : Quatrième Rue Ouest / West Fourth Street

 

 

Ostriker-Alicia_small[1]

Quatrième Rue Ouest


À Jerry Stern


Les platanes perdent leurs feuilles

Quatrième Rue Ouest et l’âge me rend bizarre

Heureuse pourtant de les voir pâles et iridescents

 

Au sortir du métro dans la circulation

Les détritus et bouffées de patchouli ––maintenant que je sais lire

Entre les lignes du brouillon de ma vie

 

Le plaisir me rend souvent visite–– il y a moins d’interférences

Quand je regarde quelque chose aujourd’hui

Ce que je vois je le vois clairement

 

Avec moins de chagrin et de colère qu’auparavant

Et moins de désir : non pas que j’aie vaincu ces passions

Elles se sont estompées

 

Et si je souris d’admiration devant quatre Brésiliens

Qui jouent à la pelote sur un carré de béton ensoleillé

Et crient en portugais

 

Mains gantées de chevreau car la pelote cingle

Dos comme enracinés de muscles éclairs d’or autour du cou

Si je les regarde danser la samba avec leur ombre

 

Comme se contorsionnait mon père il y a cinquante ans

Lorsque les fils de Juifs immigrés

Jouaient des parties acharnées sur les terrains de Manhattan

 

––Si je me dis que ces hommes sont l’essence de la ville

C’est à cause de leur beauté

Puisque j’ai appris à m’enticher de la beauté.

 

 

Traduit de l’anglais par Jean Migrenne

In, Revue « Temporel, N°13, 29 Avril 2012

Revue en ligne publiée par l’Atelier GuyAnne, 77144 Chalifert

 

 

West Fourth Street

 

À Jerry Stern

 

The sycamores are leafing out

on West Fourth Street and I am weirdly old

yet their pale iridescence pleases me

 

as I emerge from the subway into traffic

and trash and patchouli gusts—now that I can read

between the lines of my tangled life

 

pleasure frequently visits me—I have less

interfering with my gaze now

what I see I see clearly

 

and with less grievance and anger than before

and less desire: not that I have conquered these passions

they have worn themselves out

 

and if I smile admiring four Brazilian men

playing handball on a sunny concrete court

shouting in Portuguese

 

goatskin protecting their hands from the sting of the flying ball

their backs like sinewy roots, gold flashing on their necks

if I watch them samba with their shadows

 

torqued like my father fifty years ago

when sons of immigrant Jews

played fierce handball in Manhattan playgrounds

 

—if I think these men are the essence of the city

it is because of their beauty

since I have learned to be a fool for beauty

 

The Little Space : Poems Selected and New, 1968–1998.

University of Pittsburgh Press, Pittsburgh (USA),1998

Voir aussi :

Huitième et treizième / The Eighth and Thirteenth (03/01/2021)

Au restaurant Révélation (03/01/2022)

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