Prune Mateo (1978 -) : Les jours obscurs
Les jours obscurs
o
on peut regarder le ciel très longtemps
oo
o
notre appartement
à Orlando
avait vue sur la baie
des heures
fixant les eaux
proche de m’assoupir
toujours attendre
jusqu’à ce que rien ne soit stable
oo
o
des heures
à
fixer les eaux
jusqu’à ce que tout s’évanouisse
l’eau est
ce vide
qui ne trouve pas de forme
il faudrait parler
agir
mais mes yeux prisonniers
cherchent
le seul vertige
oo
o
au début j’ai cru que c’était
la fatigue
ou l’ennui
c’est autre chose
une personne normale
n’est pas censée regarder
les
choses si longtemps
oo
o
avec tant d’espoir
oo
o
mes yeux s’échappent
au-delà de la ville
et j’ai l’impression
d’être
plusieurs personnes
oo
o
l’une d’elle est ici
à la fenêtre elle
contemple
le temps qui passe
sur
la place ensommeillée
mais je continue de croire qu’une autre quelque part
est en train de vivre ma vie
oo
o
des fois j’ai l’impression
d’avoir
mis en route une machine
dans ma tête
et j’aurais oublié de quoi il s’agissait au départ
maintenant c’est une voix rauque
qui parle à ma place
et décide généralement que les choses
ne valent
pas la peine d’être faites
oo
o
des hirondelles
des hirondelles en nombre
perdues
peut-être l’océan
oui
comment peut-on imaginer
oo
o
Derrière les cyprès
là où le jour tombe
sans hésiter
saute du pont
le danger est inutile
nos peurs sont inutiles
oublie tout çà
Regarde en bas
ce même vide chaque fois
oo
In, Revue « Conséquence,#2 »,2017