Christine de Pisan (1361 – 1430 ?) : « Apprenez-moi, doux ami... »
Apprenez-moi, doux ami,
S’il est vrai ce que j’ois dire,
Que d’ici la Saint Remy
Devait aller en l’Empire,
En Allemagne bien loin
Demeurer, comme j’entends,
Quatre mois ou trois du moins ?
Hélas ! que j’aurai mautemps !
Ne pourrait jour ni demi
Sans vous voir rien me suffire
Et quand vous serez de mi
Eloigné, quel dur martyre !
De mourir me fut besoin
Mieux que le mal que j’attends ;
Ronger me faudra mon frein.
Hélas ! que j’aurai mautemps !
Mon cour partira par mi
Au dire adieu, j’en soupire
Souvent et de deuil frémis,
Car je fondrai comme cire
Des soucis et des grands soins
Que pour vous aurai partant.
Si je vous perds de tous points,
Hélas ! que j’aurai mautemps !
Voir aussi :
La fille qui n’a point d’ami (13/03/2017)
« Seulette suis… » (20/04/2017)
Je ne sais comment je dure (04/01/2018)
« Je ne peux plus vous cacher... » / « Plus ne vous puis celer ... » (09/11/2023)
« Me refuser suffit... » / « A vous est du reffuser... » (11/11/2024)