Lilith (Chant I)

 
Dans la nuit

Dans la nuit, le vent colporte

la lueur d’une flamme au loin

le cri de l’hyène

le froissement des chairs

les remugles des amours conjugales

le hurlement des épouses outragées

les râles des hommes dévoyés

le parfum de mes secrétions

 
Je sème le vice

entre la tentation et le regret

je récolte la fureur de Dieu et des hommes

qui préfèrent se préserver de la tentation

en essayant vainement de me conjurer

 
Vénus Ishtar ne m’arrivent pas à la cheville

Déesse de la luxure

première démone

reine des succubes et des enfers

l’esprit du vent

la pécheresse

la mère obscure

la luxurieuse

l’amante perverse

la sublime infanticide

je suis la pulsion immémoriale

 
Je promets démons et merveilles

à qui succombera à mes charmes

Et c’est là que l’ébat blesse

 
Telle une veuve noire

je dévore les fœtus des hommes non saints

mais qu’ai à dire des hommes saints ?

Ne seraient-ils pas jaloux des plaisirs interdits ?

Qu’ils se flagellent à chacun des coups de ma langue

qu’ils marchent sur des braises ardentes

elles seront moins incandescentes que ma vulve

 
Insoumise

condamnée par Dieu

à voir mourir mes enfants à la naissance

j’ai le droit de vie et de mort sur les nouveau-nés

 
Les mères frémissent de terreur à mon évocation

Quand elles voient leur enfant sourire dans leur sommeil

elles savent qu’il joue avec moi
 
 
Parole d’Evangelle

Sans Crispations éditions

22000 Saint-Brieuc, 2022

Voir aussi :

Lilith. Chant IV (21/01/2023)