Mérédith Le Dez (1973 -) : « Maintenant qu’il est disparu... »
Le Télégramme
Maintenant qu’il est disparu
et peut-être bien mort
nul n’en sait rien
et c’est tout comme
j’ai pris la place de l’homme
qui marche et dort dans les granges
c’est moi qui vaque dans ses pas
vers mon finistère
qui est aussi le sien
car en vérité c’est lui
qui est entré chez moi
il y a déjà longtemps
avec la clé de sa phrase
pour n’en plus sortir
Pourtant ni lui ni moi
ne sommes enfermés
nous marchons sans cesse
nous marchons silencieux
chacun au creux de l’autre comme
un couple dort emboîté par
animale habitude
Je mâche sa tartine du matin
beurrée de blonde raison
ou de miel fou c’est selon
et dans le thé noir
brûlant dans ma tasse
je voie ses yeux sarrazins
animés d’une joie neuve.
Alouette
Editions Obsidiane,2023
89500 Bussy-le Repos
Voir aussi :
Pièces pour un piano (30/07/2017)
« Il y a la guerre ... » (29/07/2018)
Souviens-moi (30/07/2019)
« Je veux un champ d’étoiles... » (29/07/2020)
Ombre penchée (29/07/2021)
Jardin d’hiver (27/07/2022)