Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Femmes en Poésie
25 juin 2019

Angèle Vannier (1910 – 1980) : « Je suis née de la mer... »

25046_170802143212421_3_854x1086_1_

 

Je suis née de la mer et ne le savais plus

Trop de pavots avaient maculé mes pieds nus

Les soirs où les bergers m'appelaient dans la ronde

Pour passer le furet de ma main dans leurs mains

Furet des bois jolis furet des vieux jardins.

 

Je suis née de la mer et ne le savais plus

Trop de chênes avaient appris à mon corps nu

Cette haute caresse où l'écorce connaît

La façon d'arracher aux jeunes filles blondes

Des gouttes de bonheur de quelque sainte plaie.

 

Je suis née de la mer et ne le savais plus

Trop de bêtes avaient partagé mon cœur nu

Dans les hautes futaies habitées par la lune

Trop de sangliers forts à renifler l'oronge

Trop de biches mes sœurs effrayées par leurs songes

Trop de martins-pêcheurs gonflés d'humides chants

Délivrés par leurs becs en baisers trop savants.

 

Je suis née de la mer et ne le savais plus

Mais l'homme au bras marin me parla de l'écume

Et l'humus des forêts fut le sable des dunes

Et les bergers laissant leurs troupeaux de moutons

Au premier loup venu gardèrent des poissons 

 

Le nez du sanglier fouilla le goémon

La biche apprivoisa chaque lame de fond

Et les désirs des fûts chantèrent un navire

Que les oiseaux pêcheurs voilèrent sans rien dire

De leurs ailes tendues à des ciels inconnus.

 

Je suis née de la mer et ne l'ai reconnu

Qu'au bras de mon amour et ne l'oublierai plus.

 

L'Arbre à feu,

Éditions du Goéland, Paramé (Ille-et-Vilaine) 1950 

Voir aussi :

L’aveugle à son miroir (29/06/2017)

J’adhère (25/06/2018)

Vent printemps (25/05/2020)

Pierre levée (25/06/2021)

 Poème fermé (25/06/2022)

Publicité
Publicité
Commentaires
Femmes en Poésie
Publicité
Archives
Publicité