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Bestiole-moi Pupille
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Le Deuxième Homme
douleur muette
s’applique :
à ne rien dire.
Gribouille des traits sur la vitre.
Les nerfs
tout se bascule :
comme elle manque Pupille
elle manque c’est terrible.
Sa voix...
Si elle savait...
Sa voix tous les matins...
On aurait dit qu’elle l’attendait...
Il voudrait dire :
c’est avec toi que je veux vivre.
Il voudrait dire
mais impossible
les mots :
çà fait crever
Les gribouillages sur la vitre...
Pupille observe un peu
démonte la syntaxe.
Bestiole
elle
commence à trop savoir :
ce qui manque.
Le Fou s’éloigne menaçant.
Pupille doucement
approche.
Deuxième Homme
il l’attend.
Plaque ses mains
son front ses lèvres
tout doucement
Pupille est là.
Tous deux s’énigment
se respirent
se bestiolent au travers des parois.
Pupille dans la chair
le Deuxième Homme tremble
Bestiole les ouvre assez bien
et dans une rencontre :
improbable.
Ca devrait être
ce sera
explorer les silences :
le bord des
déchjrures.
Deuxième homme
Pupille
on pourrait croire
eux le vivent
que leur respiration
est semblable
que chaque souffle aggrave l’autre
que tous deux s’accompagnent
et se bestiolent en joie.
A la fin on le sait
eux le vivent :
faire l’amour
c’est d’abord çà ;
quand s’écrit
la respiration :
fait secousse.
Tout s’ouvre et c’est dedans
c’est à l’intérieur que ça souffle
Pupille et Deuxième Homme
se languent l’un à l’autre.
La chair les sexes
en intimes
la chair les sexes :
ça langage.
Deuxième Homme
Pupille
on imaginera :
ils font l’amour.
Les yeux ouverts
on imagine
eux le vivent...
Et Bestiole s’endort.
Les petits ronds d’espace
où Bestiole s’endort
l’amour bredouille :
- Deuxième Homme –
chuchote-moi
chuchote-moi...
Et lui suspendu à ses lèvres
la fera à nouveau trembler...
Le Deuxième Homme
ferme les yeux.
Pupille l’observe et sourit
dessine avec la main
et danse.
Lui ne voit pas mais sait
comment les hanches
le creux des reins
comment leur peau se parchemine.
Il sait déjà
Pupille au tendre
comme elle est douce
lorsqu’elle sourit.
Le Fou dans l’angle
immobile
la voir danser ainsi
la voir :
ça le torture.
Mais danse Pupille
danse pour lui
son Deuxième Homme
qu’elle appelle.
Sourit Pupille
et lui il sait :
qu’il se battra pour ce sourire.
Craquements secs sur le plancher
dans l’angle mort
le Fou s’éveille.
Un secret
C’est toujours autrefois...
On dira autrefois l’amour
Deuxième Homme autrefois :
Pupille.
Mais pour que ça s’écrive encore
le temps passé Bestiole
reprend la chair dans ses mâchoires
déprend les tiraillements...
Douleur aigüe Pupille pâle
et les petits couteaux sous peau :
galeries puis falaises.
Pupille intérieure tête ?
Une béance que Bestiole
parvient à trouer plus encore.
Fracas absurdité
les mandibules creusent
et débarragent grand.
Bestiole se pupille
saccage au point de :
mon retour.
Dehors le vent
dans le jardin
Deuxième Homme qui hurle.
Dans l’angle mort
le Fou s’agite
et machinal
se déshabille.
S’observe dans la vitre
s’observe et se masturbe.
rhabille son reflet.
L’espace à nouveau :
rétréci.
Pupille la fatigue
d’une lucidité grinçante.
Pupille la fatigue
et se noie sans regret.
Les nerfs craqués
effondrements
tétanisée Pupille
voit qu’il n’y a pas de solution.
Et le Fou qui savait
Le Fou qui se tortille
le Fou
terrible.
Un rire inextinguible :
et cruel.
A présent la petite voix
la crécelle infernale
sournoise
trop aigüe.
Le fou son crincrin féroce
qui s’amplifie s’aiguise
qui s’immisce dans l’os
jusqu’à craquer Pupille.
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Bestiole-moi Pupille
Editions la tête à l’envers 58330 Crux la Ville, 2020
Voir aussi :
Tout Tom tout seul (26/05/2022)
Bestiole-moi Pupille (1) (05/11/2023)
Bestiole-moi Pupille (2) (08/11/2024)