17 décembre 2022

Joyce Mansour (1928 – 1986) : Papier d’argent

  Joyce Mansour, par Gilles Ehrmann   Papier d’argent   Je veux vivre à l’ombre de ton visage Plus hostile que le bois Plus vigilant que Noé Penché sur les flots Je veux creuser des routes dans les lunaires collines De ton corps Allumer des feux dans les creux de tes paupières Savoir te parler et partir quand il est temps Encore Je veux vivre lentement dans le jeu de ton décor Flotter entre mère et père Tel le sourire de l’écho dans la pénombre Dévêtue Etre l’étincelle de l’oreiller Entendue par le... [Lire la suite]
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08 décembre 2022

Anise Koltz (1928 -) : Galaxies intérieures (I)

    Galaxies intérieures   L’océan d’où j’étais sortie il y a des millions d’années se réveille en moi quand je t’aime   Dans mes étreintes je laisserai sur ton corps des restants de coquillages   Ton lit sera recouvert d’une fine couche de sable      ----- Le monde continue à tourner dans mes rêves   Des orbites de paroles décrivent une poésie étrange   J’ai des galaxies intérieures   L’univers alourdit chacune de mes paroles     ... [Lire la suite]
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30 novembre 2022

Sophia de Mello Breyner Andresen (1919- 2004) : A Hydra, évoquant Fernando Pessoa / Em Hydra, evocando Fernando Pessoa

  A Hydra, évoquant Fernando Pessoa   Lorsque dans le matin de juin le bateau jeta l’ancre à Hydra (Et c’est en entendant descendre le câble que je sus qu’il jetait l’ancre) Je suis sortie de la cabine et je me suis penchée avidement Sur le visage du réel – plus précis et plus jeune qu’en imagination.   Face à la méticuleuse limpidité de ce matin dans un port Face à la méticuleuse limpidité de ce matin dans le port d’une île grecque J’ai murmuré ton nom Ton nom ambigu J’ai invoqué ton ombre transparente et... [Lire la suite]
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10 novembre 2022

Leanne O’Sullivan (1983 -) : Moineau / Sparrow

  Moineau   Celui qui est venu taper à ma fenêtre, dans son costume marron, bien droit dans l’aube, mon père a dit que c’était son père revenu à tire d’aile pour l’été pour aider aux champs là où notre aide n’y suffirait pas, et s’est mis à faire des clins d’œil et à parler au vieil homme des changements survenus, de la nouvelle étable, des champs du haut réunis en un seul, sans perdre son sérieux, l’air presque grave.   Ce souvenir est revenu aujourd’hui, éveillé dans le sol printanier du bâtiment de... [Lire la suite]
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07 novembre 2022

Monica Mansour (1946 -) : « Je veux écrire des mots d’oiseaux... » / « quiero escribir palabras de ave... »

  Je veux écrire, mais c’est de l’écume qui sort. César Vallejo   Je veux écrire des mots d’oiseaux faire éclater le nid pour sortir hors du bois écrire des mots d’échardes fines sur l’asphalte qui attendent l’été pour émigrer écrire des mots rouges de bouches ouvertes sur le ventre de la ville écrire la rage avec toutes les pierres jusqu’à détruire la peur la réduire en miettes   mais c’est de l’écume qui sort furieusement moutonnée en oiseau rouge   écharde   rage de l’écume de... [Lire la suite]
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30 octobre 2022

Anne-José Lemonnier (1958 -) : Les yeux de l’Aven (2)

  Les yeux de l’Aven (2)   .......................................................... Paysage de Bretagne   Il reste au paysage ce que la mer en sa violence laisse debout quelques chaumières bien tapies contre le sol toits immenses et pentus destinés aux pluies interminables avec deux cheminées pour naviguer l’hiver   Dans le rose aussi vieux que l’amitié du monde un piétinement dessine une présence Le ciel porte l’empreinte de trois nuages Sur ce hameau perdu sans nom ces toits voués au seul... [Lire la suite]
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26 octobre 2022

Marina Tsvétaïeva / Марина Ивановна Цветаева (1892 - 1941) : « Le jour viendra – si triste, paraît-il... » / « Настанет день — п

Фото Максимилиана Волошина   Le jour viendra – si triste, paraît-il – Où mes yeux, ainsi qu’une flamme, agiles Auront fini de régner et brûler – Refroidis par cinq kopecks étrangers*. Et, tel un sosie palpant son image, La face paraîtra sous le visage. Ô, je t’aurai à la fin méritée, Belle ceinture de sérénité.   Et au lointain (vous aussi vous verrai-je ?) Sur le sentier noir viendra le cortège Des pèlerins se signant en désarroi – Vers ma main qui ne se repliera pas, Vers ma main plus frappée par... [Lire la suite]
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23 octobre 2022

Compiuta Donzella (XIIIéme siècle) : « En la saison où tout est en fleur... » / « A la stagion che ‘l mondo foglia ...

  Printemps triste   En la saison où tout est en fleur et feuillole, Tous les amants courtois sont en grande liesse ; Alors dans les vergers se promènent les couples Aux charmants gazouillis des oisillons en chœur.   Tout noble damoiseau dès lors tombe amoureux Et chacun à l’envi courtise son élue ; Si chaque jouvencelle a le cœur en fête, Moi, je ne suis qu’en pleurs et dans le désarroi.   Mon père m’a plongée dans le doute et l’angoisse, Souvent il me harcèle et me fait bien souffrir, ... [Lire la suite]
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17 octobre 2022

Josée Lapeyrère (1944 – 2007) : Moments donnés ou Physiologie des Muses

  Moments donnés ou Physiologie des Muses (1969 -1970)   (alanguie   il n’est de proie que l’ombre   s’effaçant nos images   dans l’infinité des miroirs de rares fois   la transparence nous habille à nos couleurs nous nous voyons   entre deux bleus hivers ) à Juan-Pablo Iommi   fou mon amour voyant se creuse un golfe et plein de glaïeuls quand s’approche sans rien d’autre escarboucle   aimée   brassée le pain   la cendre à... [Lire la suite]
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14 octobre 2022

Hélène Cadou (1922 - 2014) : « Il faisait froid comme aujourd’hui... »

  Editions Calligrammes     Il faisait froid comme aujourd’hui Je te voyais à travers la vitre embuée Sur le trottoir d’une quelconque auberge De notre pays Tu étais bleu comme la fumée de ta cigarette Pâle comme le mort que tu es devenu Et moi Perdue au fond de ce vieil autocar Par ce temps froid de givre bleu d’étoile nue J’apercevais soudain pour la première fois Derrière la vitre Derrière le givre de ton image éternelle Toi tu rêvais dans la fumée bleue De ta cigarette Mais moi déjà je savais qu’un... [Lire la suite]
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