25 janvier 2017

Béatrice, Comtesse de Die / Beatriz Comtessa de Dia (vers 1140 – après 1175) : « Grande peine m’est advenue… » / « Estat ai en

  Grande peine m'est advenue Pour un chevalier que j'ai eu, Je veux qu'en tous les temps l'on sache Comment moi, je l'ai tant aimé; Et maintenant je suis trahie, Car je lui refusais l'amour,  J'étais pourtant en grand'folie Au lit comme toute vêtue.   Combien voudrait mon chevalier Tenir un soir dans mes bras nus,  Pour lui seul, il serait comblé, Je ferais coussin de mes hanches; Car je m'en suis bien plus éprise Que ne fut Flore de Blanchefleur. Mon amour et mon coeur lui donne, Mon âme, mes... [Lire la suite]
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24 janvier 2017

Anne Hébert (1916 – 2000) :Soleil dérisoire

  Soleil dérisoire   Soleil jaune au poing Elle s'appelle Liberté On l'a placée sur la plus haute montagne Qui regarde la ville Et les pigeons gris l'ont souillée Jour après jour   Changée en pierre Les plis de son manteau sont immobiles Et ses yeux sont aveugles Sur sa tête superbe une couronne d'épines et de fiente   Elle règne sur un peuple de tournesols amers Agités par le vent des terrains vagues Tandis qu'au loin la ville fumante Se retourne sur son aire Et rajuste les chaînes aux... [Lire la suite]
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23 janvier 2017

Nurith Zarchi / נורית זרחי (- 1941) : Blues pour nouveau-nés

  Blues pour nouveau – nés   Comme çà tout doucement Les yeux fermés, les bébés tombent sur le monde. Comme des grains de pluie, dans le noir, d’une paume géante. Dans les hautbois, une tente arachnéenne, une pomme glacée.   Silence dans le monde, à l’intérieur d’alvéoles translucides les bébés dorment, et étrangers au matin, leurs yeux bleus d’obscurité, ils tâtonnent, les lèvres chaudes, s’étirent, bâillent, avec des bras de pomme, des dents de sucre, du lait, de l’amour, dans le sable fin.   Mais... [Lire la suite]
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22 janvier 2017

Catherine Pozzi : Ave

    Ave Très haut amour, s’il se peut que je meure Sans avoir su d’où je vous possédais, En quel soleil était votre demeure En quel passé votre temps, en quelle heure Je vous aimais, Très haut amour qui passez la mémoire, Feu sans foyer dont j’ai fait tout mon jour, En quel destin vous traciez mon histoire, En quel sommeil se voyait votre gloire, Ô mon séjour… Quand je serai pour moi-même perdue Et divisée à l’abîme infini, Infiniment, quand je serai rompue, Quand le présent dont je suis revêtue Aura... [Lire la suite]
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21 janvier 2017

Wisława Szymborska (1913 – 2012) : Une voix dans la discussion sur la pornographie / Głos w sprawie pornografii

  Une voix dans la discussion sur la pornographie   Il n’est pas de débauche pire que la pensée. C’est une sale graine qui sème à tout vent, sur nos plates-bandes faites pour des marguerites.   Il n’y a rien de sacré pour ces coquins qui pensent. Désignations osées des choses par leur nom, licencieuses analyses, grivoises synthèses, chasse dévergondée aux faits tout nus, tripatouillage obscène des sujets délicats, le frai des opinions, voilà ce qui les allume.   En plein jour, ou alors sous le... [Lire la suite]
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20 janvier 2017

Anne Perrier (1922 - 2017) : « Lorsque la mort viendra… »

  Lorsque la mort viendra Je voudrais que ce soit comme aujourd'hui Un grand soir droit laiteux et immobile Et surtout je voudrais Que tout se tienne bien tranquille Pour que j'entende Une dernière fois respirer cette terre Pendant que doucement s'écarteront de moi Les mains aimées Qui m'attachent au monde                     * Et la vie c'est cela Une ombre qui s'allonge sur le seuil Une cour abritée de hauts tilleuils Le miel en fleur et les abeilles mortes Une... [Lire la suite]
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19 janvier 2017

Clarice Lispector (1920 – 1977) : « Il m’est arrivé de cacher un amour…/ Jà escondi um armor »

  Il m’est arrivé de cacher un amour par peur de le perdre, Il m’est arrivé de perdre un amour pour l’avoir caché. Il m’est arrivé de serrer les mains de quelqu’un par peur Il m’est arrivé d’avoir peur au point de ne plus sentir mes mains Il m’est arrivé de faire sortir de ma vie des personnes que j’aimais Il m’est arrivé de le regretter Il m’est arrivé de pleurer des nuits durant, jusqu’à trouver le sommeil Il m’est arrivé d’être heureuse au point de pas parvenir à fermer les yeux Il m’est arrivé de croire en des... [Lire la suite]
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18 janvier 2017

Hélène Cadou (1922 – 2014) : « Ce soir… »

Ce soir La nuit est bleue   Avec un parfum de girofle Sous la pierre lente et chaude   Tu vas et viens De ton cœur Au jardin   Et le pouls des planètes Pourrait cesser de battre   Sans que la peur Ne soit nommée   Dans la douceur des choses.   Si nous allions vers les plages,  Editions Rougerie, 2003   Voir aussi : "J'ai vu des paysages..." (27/02/2017) « Le monde est mon beau voyage… » (03/04/2017) Ilarie Voronca… (24/07/2017) Le soleil griffait les... [Lire la suite]
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17 janvier 2017

Anjela Duval (1905 – 1981) : Poèmes de jour, poèmes de nuit / Barzhonegoù noz, barzhonegoù deiz

  Poèmes de nuit, poèmes de jour   Si j’écris à l’ombre de ma lampe Des vers maladroits et creux Avec ce petit outil mal assuré dans ma main lasse Si j’écris le soir au dos d’enveloppes Des poèmes humbles : camelote Où l’on ne trouve que des fleurs sauvages… Et quelques miettes d’amour. Car tout cela je le fais pour ceux que j’aime.   Mais j’écris, moi, d’autres poèmes Et ce n’est pas à l’ombre de ma lampe Mais à la lumière du soleil Ce n’est pas au dos d’enveloppes Mais sur la poitrine nue de... [Lire la suite]
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16 janvier 2017

Louise Labé (1524 -1566) : « Baise m’encor… »

    Baise m'encor, rebaise-moi et baise ; Donne m'en un de tes plus savoureux, Donne m'en un de tes plus amoureux : Je t'en rendrai quatre plus chauds que braise.   Las ! te plains-tu ? Çà, que ce mal j'apaise, En t'en donnant dix autres doucereux. Ainsi, mêlant nos baisers tant heureux, Jouissons-nous l'un de l'autre à notre aise.   Lors double vie à chacun en suivra. Chacun en soi et son ami vivra. Permets m'Amour penser quelque folie :   Toujours suis mal, vivant discrètement, Et ne me... [Lire la suite]
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