25 mars 2017

Jeanne Mégnen (19 ? -19 ?) : La belle au bois dormant

  La belle au bois dormant   Vapeurs de lichen, la morne lente attente Pèse sur la vallée boisée de hauts termites   La maison basse entre les monts d’aiguille et de flaques d’acanthe repose, four clos, dans l’envers des paumes. Les feuillages, vaincus par la rosée des nuits agonisent.   L’île est creuse comme ces bois de palmes Elle dort sans sommeil, elle pleure sans larmes Des milliers d’yeux criblent sa carapace Des milliers d’yeux s’affairent sur ses rocs de mousse. Les fleurs, mortes-nées,... [Lire la suite]
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24 mars 2017

Georgette Camille (1900 – 1998) : Combat dans la nuit

    Combat dans la nuit   La boîte de cristal enferme cet oiseau blanc Qui viendra sur un char Ne le laissez pas sous cette pluie de sang Voleter au hasard    Forme neuve de l’esprit trouvera-t-il sa tour Aux détours qu’il a pris prisonnier sans retour ? Les lampes de la plaine éclatent en plein jour Le ciel tombe sur terre pour obscurcir les ombres   Les femmes gorgées de sang Tournent de peur sur elles-mêmes Et percent leurs seins menaçants Au bord des fleuves immobiles Les... [Lire la suite]
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23 mars 2017

Pernette Du Guillet (1520 – 1545) : « Quand vous voyez, que l'étincelle ... »

  Quand vous voyez, que l'étincelle  Du chaste Amour sous mon aisselle Vient tous les jours à s'allumer,  Ne me devez-vous bien aimer ?   Quand vous me voyez toujours celle, Qui pour vous souffre, et son mal cèle,  Me laissant par lui consumer,  Ne me devez-vous bien aimer ?   Quand vous voyez, que pour moins belle  Je ne prends contre vous querelle,  Mais pour mien vous veux réclamer,  Ne me devez-vous bien aimer ?   Quand pour quelque autre amour nouvelle ... [Lire la suite]
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22 mars 2017

Joyce Mansour (1928 – 1986) : Chant arabe

  Chant arabe   L’œil bascule dans la nuit au moment du trépas O la blanche fulgurance folie des ailes qu’on ne connaît pas Ouatées de silence elles frôlent le bras sur l’oreiller Et ouvrent l’œil rond à la nuit de l’impalpable Le froid tisseur de tubéreuse trépigne sur ma pupille           Je vois glisser la tenture mobile de l’horizon qui rutile ... [Lire la suite]
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21 mars 2017

Heather Dohollau (1925 – 2013) : La terre âgée

     La terre âgée   LA MEMOIRE   Une photographie prise cet été Montre une femme aux cheveux blancs Dans une chaise longue Pieds nus au paradis Et là dedans dehors Je la rejoins Au soleil d’un matin Où la terre Un instant se retourne Et prend encore Sa jeunesse dans ses bras   LA PRAIRIE   Un tablier d’herbe Où les arbres font signe S’y tenant sur les bords Chacun ayant tracé à sa place Un paraphe royal Le bleu du ciel Caresse et contient Où le terrain tombe En face la... [Lire la suite]
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20 mars 2017

Marceline Desbordes – Valmore (1786 - 1859) : Qu'en avez-vous fait ?

  Qu'en avez-vous fait ?     Vous aviez mon coeur, Moi, j'avais le vôtre : Un coeur pour un coeur ; Bonheur pour bonheur !   Le vôtre est rendu, Je n'en ai plus d'autre, Le vôtre est rendu, Le mien est perdu.   La feuille et la fleur Et le fruit lui-même, La feuille et la fleur, L'encens, la couleur :   Qu'en avez-vous fait, Mon maître suprême ? Qu'en avez-vous fait, De ce doux bienfait ?   Comme un pauvre enfant Quitté par sa mère, Comme un pauvre enfant Que rien ne... [Lire la suite]
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19 mars 2017

Vénus Khoury-Ghata (1937 -) : « Parce que leurs noms étaient trop larges… »

  Parce que leurs noms étaient trop larges pour leurs corps d’étrangers ils se taillèrent des noms de voyage dans le tissu rêche des chemins   Des noms pliables sous la peau pour les villes qui fument leurs hauts fourneaux pour oublier les prairies asphaltées.   Sur les cils de la lune il y a de la poussière disent-ils et ils frappent aux portes des femmes pour retrouver une patrie.   Au Sud du silence, Editions Saint-Germain-des-Prés, 1975   Voir aussi : « Lorsqu’un arbre... [Lire la suite]
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18 mars 2017

Nazik al –Malaïka (1922 – 2007) / نازك الملائكة : Déshonneur

  Déshonneur   « O mère ! » fut le cri de sa nuit, De son râle implorant, Tandis que de son corps tremblant  Sous le poignard s’ouvrait le sang, A sa chevelure la boue s’était prise.     « O mère ! » nul que le bourreau ne l’entendit.  A l’aube de demain, aux roses refleuries, A l’appel des vingt ans, à l’appel de l’espoir, Répondra le pré, répondra les fleurs « C’est pour laver le déshonneur ».   Et le bourreau sans cœur, Aux gens rencontrés, ... [Lire la suite]
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17 mars 2017

Françoise Hàn (1928 ) : « Entaillés… »

      1 Entaillés dans l’écorce terrestre   avec autour d’eux du temps assez pour échanger la mémoire et l’oubli   avec le labyrinthe épuisant où ils se sont laissés prendre   et leur chance que l’outil ébréché ait effrité la roche   quelque échancrure où s’agripper   2 Difficile à dire l’anfractuosité où ils essaient de remuer   le dialogue s’y heurte à des angles sourds dérision de la caverne   l’écho ne revient pas fait tache de moisi sur la paroi ... [Lire la suite]
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16 mars 2017

Christine de Pisan (1364 - 1430) : La fille qui n'a point d'ami

    La fille qui n'a point d'ami   À qui dira-t-elle sa peine, La fille qui n'a point d'ami ? La fille qui n'a point d'ami, Comment vit-elle ? Elle ne dort jour ni demi Mais toujours veille. Ce fait amour qui la réveille Et qui la garde de dormir. À qui dira-t-elle sa pensée, La fille qui n'a point d'ami ? Il y a bien qui en ont deux, Deux, trois ou quatre, Mais je n'en ai pas un tout seul, Pour moi ébattre. Hélas ! mon joli temps se passe, Mon téton commence à mollir. À qui dira-t-elle sa pensée, ... [Lire la suite]
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