07 mars 2017

Isabella Leardini (1978 - ) : La colocataire aux pieds nus /La coinquilina scalza

  La colocataire aux pieds nus   Et si ce n’était pas le froid du soir qui nous pinçait les lèvres, mais la marche qui reprend, se renouvelle éveille un autre vent et tous ceux en qui j’ai cru ? Tu sais que je porte encore en moi l’envie de m’en aller comme s’achève un film, le soleil en plein visage, dans la musique qui monte, et de laisser à vos cantons de sable à vos allées de calme parfait toute fureur. * Petite fille je claquais les portes… Quand suis-je devenue la personne qui reste assise, qui... [Lire la suite]
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06 mars 2017

Andrée Chedid (1920 – 2011) : L’escapade des saisons

    L’escapade des saisons   Je t’aimais Dans l’orage des sèves Je t’aime Sous l’ombrage des ans   Je t’aimais Aux jardins de l’aube Je t’aime Au déclin des jours   Je t’aimais Dans l’impatience solaire Je t’aime Dans la clémence du soir   Je t’aimais Dans l’éclair du rêve Je t’aime Dans l’estuaire des mots   Je t’aimais Dans les foucades du printemps Je t’aime Dans l’escapade des saisons   Je t’aimais Aux entrailles de la vie Je t’aime Au portail de la mort. ... [Lire la suite]
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05 mars 2017

Nelly Sachs (1891 – 1970) : « Ici où dans le sel… »

  Ici dans le sel   Ici où dans le sel j’ai fait naufrage Ici au bord de la mer dont les nourrissons bleus comblés de lune s’allaitent aux âmes Ici dans le sable qui dansa dans le Zodiaque et de nouveau gît mélangé en un chiffre à ce qui est encore à naître   Le dos tourné tu apparais encerclé par le vide obscur, panier dans l’attente des fruits qui le rempliront et sur les voies métalliques des constellations prendront leur course ou bien seront embarqués dans le vent-coulis de l’amour   ... [Lire la suite]
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04 mars 2017

Jacqueline Rebours (19 ? -) : Langue bussonnière

  Langue bussonnière   J’ai pétri en patois les mots de tous les jours Tantôt , à la reveyure, at’meriennée, haout’houre   J’ai croqué en patois les saveurs du courtil Meuletonnes et castilles, guerneouaiselles, badies   J’ai humé en patois le sentiment des fleurs Bonshommes et jalousies, pâques et ramoneurs   J’ai goûté en patois le ciel et puis les vents Le temps qui se cotit, les martiaous et les buans   J’ai couru en patois par landes et roquets Sente, venelles, cherrets, bussons... [Lire la suite]
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03 mars 2017

Shū Ting / 舒婷 (1952 - ) : - ? !

  ? !   Alors c’est vrai tu veux m’attendre attendre que j’aie semé le grain de mon panier attendre que j’aie ramené à la maison les abeilles égarées attendre que sur les bateaux, dans les villages, dans les usines                on ait allumé torches et lampes à huile attendre que j’aie lu les fenêtres brillantes ou obscures                et que j’ai fini de dialoguer avec... [Lire la suite]
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02 mars 2017

Emily Jane Brontë (1818 – 1848)) : Il devrait n’être point de désespoir pour toi / There should be no despair for you

    Il devrait n’être point de désespoir pour toi Tant que brûle la nuit les étoiles, Tant que le soir répand sa rosée silencieuse, Que le soleil dore le matin. Il devrait n’être point de désespoir, même si les larmes Ruissellent comme une rivière : Les plus chères de tes années sont-elles pas Autour de ton cœur à jamais ? Ceux-ci pleurent, tu pleures, il doit en être ainsi ; Les vents soupirent comme tu soupires, Et l’Hiver en flocons déverse son chagrin Là où gisent les feuilles d’automne. Pourtant elles... [Lire la suite]
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01 mars 2017

Anne Perrier (1922 - 2017) : Prière

  Prière   Qu'on me laisse partir à présent Je pèserais si peu sur les eaux J'emporterais si peu de chose Quelques visages le ciel d'été Une rose ouverte   La rivière est si fraîche La plaie si brûlante Qu'on me laisse partir à l'heure incandescente Quand les bêtes furtives Gagnent l'ombre des granges Quand la quenouille Du jour se fait lente   Je m'étendrais doucement sur les eaux J'écouterais tomber au fond Ma tristesse comme une pierre Tandis que le vent dans les saules Suspendrait mon... [Lire la suite]
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28 février 2017

Anna Akhmatova / Анна Ахматова (1889 – 1966): Epilogue, I / Эпилог, I

    Epilogue, 1   J’ai vu comment les visages se défont, Comment on voit la terreur sous les paupières, Comment des pages d’écritures au poinçon Font ressortir sur les joues la douleur, Comment les boucles noires et cendrées Ressemblent soudain à du métal blanc. Le sourire s’éteint sur les lèvres dociles Et la peur tremble dans un petit rire sec. Si je prie, ce n’est pas pour moi seule, Mais pour tous ceux qui ont avec moi attendu, Dans le froid féroce, ou sous la canicule, Au pied du mur rouge, du mur... [Lire la suite]
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27 février 2017

Hélène Cadou (1922 - 2014 ) : "J'ai vu des paysages..."

    J’ai vu des paysages refermés sur leurs forêts Des nuits profondes comme des citernes Des arbres qui taisaient dans l’ombre leurs secrets Mais aujourd’hui les fenêtres du ciel S’ouvrent sur une province inconnue Où les blés montent plus haut que les étoiles Où les fontaines au coin des rues Fleurissent comme des lampes familières.  Je goûte un pain meilleur que le silence Et j’épelle les jours simplement pour le bonheur. Qui parle de retour ? Il faut saluer la vieille terre Et pour le grand... [Lire la suite]
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26 février 2017

Wisława Szymborska (1923 -2012) : Haine / Nienawiść

      Haine   Voyez combien elle reste efficace, combien elle se porte bien en notre siècle, la haine. Avec quel naturel elle prend les plus hauts obstacles. Combien il lui est facile : sauter, saisir.   Elle n’est pas comme les autres sentiments. Leur aînée, et pourtant leur cadette. Elle sait engendrer toute seule ce qu’il lui faut pour vivre. Si elle dort, ce n’est pas d’un sommeil éternel. L’insomnie ne lui ôte pas ses forces, au contraire.   Peu lui chaut, religion ou pas, ... [Lire la suite]
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