28 août 2018

Marina Tsvétaïeva / Марина Ивановна Цветаева (1892 – 1941) : « De pierre sont les uns... »

  De pierre sont les uns, d’argiles d’autres sont, - Moi je scintille, toute argentine ! Trahir est mon affaire et Marina - mon nom, Je suis fragile écume marine.   D’argiles sont les uns, les autres sont de chair – A eux : tombes et dalles tombales ! - Baptisée dans la coupe marine – et en l’air Sans fin brisée, je vole et m’affale.   A travers tous les cœurs, à travers tout filet Mon caprice s’infiltre, pénètre. De moi – ces boucles vagabondes : vise-les ! – On ne fera pas du... [Lire la suite]
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18 août 2018

Jany Cotteron (1944-) : F/Aille

  à Tal-coat   F AILLE   Je suis celui qui marche vers les sommets à l’heure tremblée de midi quand les chiens de soleil dévorent la montagne et que le regard se tait entre les paupières épuisées de lumière   C’es l’heure où émergeant de la brume d’étranges animaux se couchent à l’horizon têtes et corps emmêlés frémissements de croupes et de dos   Leurs flancs gris portent les traces de cicatrices anciennes et leurs mufles sans âge striées de fissures de crevasses racontent les... [Lire la suite]
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04 août 2018

Anna Akhmatova / Анна Ахматова (1889 – 1966) : « Les uns échangent des caresses ... »

  Les uns échangent des caresses de regards, Les autres boivent jusqu'aux premières lueurs, Mais moi, toute la nuit, je négocie Avec ma conscience indomptable.    Je dis : "Je porte ton fardeau, Et il est lourd, tu sais depuis combien d'années." Mais pour elle le temps n'existe pas, Et pour elle il n'est pas d'espace dans le monde.    Voici revenu le sombre soir du carnaval, Le parc maléfique, la course lente du cheval, Le vent chargé de bonheur et de gaieté, Qui s'abat sur moi des pentes de... [Lire la suite]
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01 août 2018

Emily Jane Brontë (1818 - 1848) : « Autour de moi des tombes grises... / « I see around me tombstones grey…”

  Autour de moi des tombes grises Etendent leurs ombres au loin. Là, sous le gazon que je foule, Silencieux, seuls, gisent les morts – Là, sous le gazon, sous la glaise, Voués au froid, voués au noir. Malgré moi m’échappent des larmes Thésaurisées par la mémoire Aux dépends des années enfuies. Ah ! Temps, Mort et Tourment mortel, Si vous blessez, c’est pour toujours ; Qu’il me souvienne seulement D’une moitié de la souffrance Que j’ai vue, apprise, soufferte, Et le Ciel même ne saurait, Si pur et... [Lire la suite]
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29 juillet 2018

Mérédith Le Dez (1973 -) : « Il y a la guerre... »

  Il y a la guerre dans ce pays et tout autour encore il y a la guerre   la guerre est sur tous les fronts elle ronge les yeux elle mange le ventre elle inonde les lèvres d’une écume nauséabonde   telle est la guerre sans égard sans attente   la guerre étale au jour une mer de boucliers arides la guerre ouvre à la nuit ses tranchées boueuses   si tu dis je préfère la paix quelle est la terre qui ondule sous le nom de paix   je ne connais pas la paix   il n’ y a de terre... [Lire la suite]
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17 juillet 2018

Françoise Ascal (1944 -) : « Des orages, chaque jour... »

  Des orages, chaque jour, qui métallisent le paysage. Lumière implacable qui jaunit la gamme des verts frais d’avril – ces verts que j’ai longuement contemplés dans les toiles du musée de Colmar et de Bâle, sur ces robes moyenâgeuses, austères, d’où émerge un long cou blanc, un visage qui ne sourit pas, se détachant sur fond de tenture pourpre. Oui, vert de Bâle, ainsi je le nomme, et l’aime, et rêve de m’en vêtir à mon tour. Il y entre un soupçon de moutar- de, une pointe de bronze, et c’est exacte- ment cela que... [Lire la suite]
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12 juillet 2018

Wisława Szymborska (1923 - 2012) : Impressions théâtrales / Wrażenia z teatru

  Impressions théâtrales   Pour moi, de toute la tragédie, rien ne vaut l’acte six. Les morts ressuscitant après la bataille, les perruques repeignées, les robes époussetées, les couteaux arrachés des cœurs, les nœuds coulants desserrés, les morts et les vivants en rangs bien ordonnés, face au public.   Saluts individuels et collectifs : main blanche sur le cœur qui saigne, la révérence de la suicidée, le hochement de la tête coupée.   Salut par deux : la fureur main dans la main avec... [Lire la suite]
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06 juillet 2018

Marceline Desbordes – Valmore (1786 – 1859) : « J’étais à toi... »

  J’étais à toi peut-être avant de t’avoir vu.  Ma vie, en se formant, fut promise à la tienne ;  Ton nom m’en avertit par un trouble imprévu,  Ton âme s’y cachait pour éveiller la mienne.  Je l’entendis un jour, et je perdis la voix ;  Je l’écoutai longtemps, j’oubliai de répondre ;  Mon être avec le tien venait de se confondre ;  Je crus qu’on m’appelait pour la première fois.    Savais-tu ce prodige ? Eh bien, sans te connaître,  J’ai... [Lire la suite]
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01 juillet 2018

Catherine Pozzi (1882 - 1934) : Scopolamine

  Scopolamine   Le vin qui coule dans ma veine A noyé mon cœur et l'entraîne Et je naviguerai le ciel À bord d'un cœur sans capitaine Où l'oubli fond comme du miel.   Mon cœur est un astre apparu Qui nage au divin non pareil. Dérive, étrange devenu ! Ô voyage vers le soleil — Un son nouvel et continu Est la trame de ton sommeil.   Mon cœur a quitté mon histoire Adieu Forme je ne sens plus Je suis sauvé je suis perdu Je me cherche dans l'inconnu Un nom libre de la mémoire.     ... [Lire la suite]
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30 juin 2018

Maria Victoria Atencia (1931 -) : « Que faire si soudain ... » / Qué hacer si de repente ... »

  Que faire si soudain tu découvres que tu es habitée de la tête aux pieds par quelqu’un qui t’est étranger et qui confond ta langue avec un verbe différent. D’un côté et de l’autre, le jour il te cherche en traînant une lampe, et la nuit il sent ses yeux aveuglés par un soleil d’injustice.   Que faire sinon te jeter dans le tumulte, crier sous les vagues, secouer avec des bambous la racine de ton corps, désirer la mandragore, proclamer ta sécheresse pour le restant de tes jours et dormir pour l’éternité sur... [Lire la suite]
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