16 février 2019

Zu Shuzhen / 朱淑真 (1135 – 1180) : En regardant voler les couples d’hirondelles

  En regardant voler les couples d’hirondelles   Un rayon oblique envahit ma chambre solitaire, Déjà le crépuscule assombrit à demi ma porte, Les hirondelles feignent d’ignorer ma si grande tristesse Sous l’auvent de ma demeure, deux par deux, elles tourbillonnent en liberté.   Traduit du chinois par Shi Bo in, «A celui qui voyageait loin. Poèmes d’amour de femmes chinoises, (VIIème – XVIème siècle) » Editions Alternatives, 2000 Voir aussi : Sur l’air « Sheng tsa tse »... [Lire la suite]
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03 février 2019

Louise Labé (1526 – 1566) : « Telle j’ai vu... »

  Telle j’ai vu, qui avait en jeunesse Blâmé Amour, après, en sa vieillesse, Brûler d’ardeur et plaindre tendrement L’âpre rigueur de son tardif tourment. Alors de fard et eau (*) continuelle                            (*) eau de toilette Elle essayait se faire venir belle, Voulant chasser le ridé labourage Que l’âge avait gravé sur son visage. Sur son chef gris, elle avait empruntée ... [Lire la suite]
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16 janvier 2019

Brigitte Oleschinski (1955 -) : Puis à nouveau le long des façades / Dann nieder die niedrigen buckligen

  Puis à nouveau le long des façades basses et bossues   au crépi qui s’effrite, les pavés bourdonnant comme du gâteau encore chaud entre les bordures raides et obliques du caniveau. Dans la cour, la sueur fraîche pose un glaçage sur les minces plaques dans la cour qu’un métier enchanté ... [Lire la suite]
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12 janvier 2019

Gilberte H. Dallas (1918 - 1960) : « Les ancolies d’ébène... »

  Y Les ancolies d’ébène guettent la mourante dévorée par la pluie Les rues la serrent l’enlacent Elle marche dans la jungle de béton Elle tend son corps comme une phrase délavée. Elle titube celle qui aurait pu être ma mère Elle titube la mère qui n’a pas de ventre, En sa place mes yeux agrandis, Deux yeux immenses deux glands desséchés Greffe de la mort Pauvre mère stérile berce dans ta chair Mes yeux d’enfant perdu Mes yeux comme une herbe qui mâche l’épouvante Mes yeux d’extra lucide Pauvre loque de sel ! ... [Lire la suite]
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02 janvier 2019

Virginia Pésémapéo - Bordeleau (1951 -) : « Je suis de promiscuité... »

  Je suis de promiscuité, de trois enfants par lit. Je suis de fierté farouche, de confort et d’indifférence.   Je suis de demi-frères suicidés dans leur silence des réserves. Je suis de demi-frères criards qui veulent et la chèvre et le chou. Je suis de deux races en mal de vivre, de leur incapacité à se rejoindre.   Je suis le pont entre deux peuples qu’un accident de parcours a tendu au-dessus d’un précipice.   Je suis riche de différences, marquée au fer du paradoxe. Je suis de blanche... [Lire la suite]
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08 décembre 2018

Jacqueline Astégiano (19? -) : L’Arbre

L’arbre   L’Arbre apprend l’oiseau en se couvrant d’ailes   Tout un été   Et lorsque s’en vont les oiseaux migrateurs                Icare Tombe en feu dans ses branches   Une chouette dans les pommes Editions Le dé bleu, 85310 Chaillé-sous-les-Ormeaux, 1998
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05 décembre 2018

Claire Genoux (1971 -) : Carrouge

    Carrouge   Le ciel vide de novembre m’a dicté cette halte d’un geste sûr j’entre et c’est à droite dans le cimetière carré la pierre dans les graviers gris les plantes en touffes calmes et sèches le nom effacé dans la pierre   c’est alors que je devine votre visage d’En-bas vos lèvres prises dans la mousse et posée à votre front frais la couronne de broussailles et de terre qui se dénoue lentement   cet après-midi de novembre les corneilles chantent un refrain sans réponse et la pluie... [Lire la suite]
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11 novembre 2018

Sylvia Plath (1932 -1963) : Wuthering Heights

  Wuthering Heights   Les horizons m'encerclent comme des fagots Qui penchent, disparates, et pour toujours instables. Il suffirait d'une allumette pour qu'ils me réchauffent Et que leurs lignes fines Rougissent l'air Lestant le ciel pâle d'une couleur plus sûre, Avant que les lointains qu'elles fixent ne s'évaporent. Mais ils ne font que dissoudre et se dissoudre Comme une succession de promesses, à mesure que j'avance.   Nulle vie ne s'élève au-dessus de l'herbe Ou du cœur des moutons, et le vent ... [Lire la suite]
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09 novembre 2018

Anna-Elisabeth de Noailles (1876 – 1933) : Offrande à la nature

  Offrande à la nature   Nature au cœur profond sur qui les cieux reposent,  Nul n’aura comme moi si chaudement aimé  La lumière des jours et la douceur des choses,  L’eau luisante et la terre où la vie a germé.      La forêt, les étangs et les plaines fécondes  Ont plus touché mes yeux que les regards humains,  Je me suis appuyée à la beauté du monde  Et j’ai tenu l’odeur des saisons dans mes mains.      J’ai porté vos soleils ainsi qu’une... [Lire la suite]
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25 octobre 2018

Déwé Gorodey (1949 - 2022) : Et les prospectus

  Et les prospectus   Mal de la terre natale qui nous colle à la peau quand tombent les feuilles mortes de platane quand se lève le mistral quand passe un jet   Ile du nickel profit des rapaces mon pays pillé du Pacifique mon peuple colonisé d’Océanie qui s’éveille à nouveau   Et les prospectus ne parlent que de sable chaud soleils couchants gens heureux des mers du Sud   mais nous les barbelés des réserves kanakes nous griffent toujours de jour et de nuit au pays comme au loin ... [Lire la suite]
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