27 mars 2020

Clod’Aria (1916 – 2015) : Symbole

  Symbole   Je cherche un pin tordu, Un pin qui me ressemble, Un pin qu’auront battu Tous les vents de Novembre,   Un pin au tronc noueux, Crevassé, biscornu, Dont le cœur sera creux Et le creux vermoulu,   Un pin aux branches noires Tendues vers un ciel gris, Vers un ciel de déboires, Vers un ciel de mépris.   Je cherche un pin tordu, Un pin qui me ressemble, Un pin qu’auront mordu Tous les froids de Décembre,   Un pauvre pin cassé, Décharné, racorni, Par l’hiver tourmenté Et... [Lire la suite]
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11 mars 2020

Montserrat Álvarez (1969 -) : Icare

   Icare   Hommes prudents qui rirez de ma folie : je suis Icare, le poète, le fou, le suicidaire. Hommes prudents qui, même en me plaignant, louerez la justice de mon châtiment : sachez qu’au- delà des monts colossaux qui dorment leur sommeil de titans ; au-delà des mers tumultueuses qui tentent de s’élever jusqu’au ciel, se trouve l’infini comme une lumière céleste sans forme ni limites. Et jamais vous ne le verrez, hommes prudents. Au-delà du feu flamboyant des astres, se trouve la... [Lire la suite]
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09 mars 2020

Shikishi Naishinnô / 式子内親王 (1149 – 1201) : « La brume du soir... »

  La brume du soir se noue au fond de mon cœur Et l’automne comme moi s’avance vers l’hiver   Traduit du japonais par Yves-Marie Allioux In, « Poèmes de tous les jours. Anthologie proposée par Ôoka Makoto » Editions Philippe Picquier,1993   N. B .  Naishinno signifie Princesse impériale      
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05 mars 2020

Heather Dohollau (1925 – 2013) : Le tertre blanc

  Le tertre blanc   après la route         le chemin dépassant la croix et les jardins aux maisons vides pour arriver au tertre où les branches de fenouil étoilent de tout près le ciel et la mer est en bas la distance est toujours temps les pas heurtent le rien entre ici et là       ces maisons plus loin informent autrement l’air et vu du dehors le jardin a perdu pied tout est plus bas           plus... [Lire la suite]
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15 février 2020

Zu Shuzhen / 朱淑真 (1135 – 1180) : Plainte vernale

    Plainte vernale Air : « Les Magnolias. Version abrégée »   Je marche seule, je m’assois seule, Je chante seule et seule reprends en chœur, seule encore je m’allonge. Un long moment debout, l’esprit ennuyé, Rien à faire contre le froid léger qui effleure...   Un tel émoi, qui le verra ? Mes larmes lavent le fard qui déjà s’efface à demi, Tristesse et maladies se succèdent, J’ai coupé toutes les mèches des lampes, mon rêve n’est pas venu.   Traduit du chinois par... [Lire la suite]
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11 février 2020

Danièle Collobert (1940 – 1978) : Dire II (1)

Dire II   La seule chose – recommencer encore – si possible – encore une fois des mots – l’équivalent d’une mort – ou le contraire même – ou peut-être rien   être ici - le calme – épuisant de tension – le monde autour qui ne s’arrête pas – mais pourrait s’arrêter – le souffle qui pourrait s’arrêter maintenant – un instant après l’autre – même égalité plane – même dureté froide – même goût fade et doux – supporter encore d’aller vers d’autres moments pareils – continuer seulement le souffle – la respiration –... [Lire la suite]
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03 février 2020

Louise Labé (1526- 1666) : « Ô doux regards... »

  Ô doux regards, ô yeux pleins de beauté Petits jardins pleins de fleurs amoureuses Où sont d’Amour les flèches dangereuses, Tant à vous voir mon oeil s’est arrêté !   Ô coeur félon, ô rude cruauté, Tant tu me tiens de façons rigoureuses, Tant j’ai coulé de larmes langoureuses, Sentant l’ardeur de mon coeur tourmenté !   Donques, mes yeux, tant de plaisir avez, Tant de bons tours par ces yeux recevez ; Mais toi, mon coeur, plus les vois s’y complaire,   Plus tu languis, plus en as de souci. Or... [Lire la suite]
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26 janvier 2020

Louise Warren (1956 -) : L’Amant gris

  L’Amant gris   Tu ne sais pas grand-chose de moi. Tu connais le goût du vin laissé sur ma langue mais tu n’as pas goûté à ma bouche gonflée de sommeil. Tu sais que la nuit je vois des serpents et des flèches sur les murs de ma chambre et j’entends siffler des trains. Quand la lune est ronde, elle fait des vœux, seulement les mercredis de pleine lune, seulement les mercredis. Tu connais un échantillon de ma peau et tu sais les tissus qui m’habillent. Tu as deviné que la soie sauvage est agréable à toucher.... [Lire la suite]
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12 janvier 2020

Gilberte H. Dallas (1918 – 1960) : A Vincent Van Gogh

  V   A Vincent Van Gogh   Dans la chambre hermétique et sur les routes de chrome plus closes encore, où           vit ton amour      Je t’ai vu.      J’ai vu ton sang éclos en de grands tournesols, stigmates jaillissants de tes mains comme de splendides soleils de quatorze juillet aux mains des facteurs et des bougnats ;      Perpétuelles toccatas de feu dans l’outremer de ta gloire.   ... [Lire la suite]
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11 janvier 2020

Anna-Elisabeth de Noailles (1876 - 1933) : L’empreinte

  L’Empreinte   Je m’appuierai si bien et si fort à la vie, D’une si rude étreinte et d’un tel serrement, Qu’avant que la douceur du jour me soit ravie Elle s’échauffera de mon enlacement.   La mer, abondamment sur le monde étalée, Gardera, dans la route errante de son eau, Le goût de ma douleur qui est âcre et salée Et sur les jours mouvants roule comme un bateau.   Je laisserai de moi dans le pli des collines La chaleur de mes yeux qui les ont vu fleurir, Et la cigale assise aux branches de... [Lire la suite]
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