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A une aimée

 

Il goûte le bonheur que connaissent les dieux

Celui qui peut auprès de toi

Se tenir et te regarder,

Celui qui peut goûter la douceur de ta voix,

 

Celui qui peut toucher la magie de ton rire,

Mais moi, ce rire, je le sais,

Il fait fondre mon cœur en moi.

Ah ! moi, sais-tu, si je te vois,

Fût-ce une seconde aussi brève,

Tout à a coup alors sur mes lèvres

Expire sans force ma joie.

 

Ma langue est là comme brisée,

Et soudain, au cœur de ma chair,

Un feu irrésistible a glissé.

Mes yeux ne voient plus rien de clair,

A mon oreille un bruit a bourdonné.

 

Je suis de sueur inondée,

Tout mon corps se met à trembler,

Je deviens plus verte que l’herbe,

et presque rien ne manque encore

Pour me sentir comme une morte.

 

Traduit du grec ancien par Robert Brasillach

In, « Anthologie de la poésie grecque »

Editions Stock, 1950

Voir aussi :

 « Je t’ai possédée, ô fille de Kuprôs ! » (22/02/2017)

Aphrodite / εἰς Ἀφροδίτην (30/03/2017)

Nocturnes (14/05/2019)

 « Et je ne reverrai jamais... » (13/05/20)

« ... Rien n’est plus beau... » (13/05/2021) 

Je serai toujours vierge (27/06/21)

« Je ne change point... » 19/05/2022)

Ode à Aphrodite (17/05/2023)