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Femmes en Poésie
30 mars 2017

Saphô / Σαπφώ (vers 630 – vers 580 av. J.C.) : Aphrodite / εἰς Ἀφροδίτην

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Aphrodite

 

Déesse au trône diapré, immortelle Aphrodite,

Fille de Zeus, tisseuse de ruses, je te supplie :

ni tourments nauséeux , ni fléau de l’angoisse,  pour me dompter,

Souveraine, le cœur.

 

Viens à moi plutôt, si jamais autrefois,

quand je criais de loin vers toi, tu as entendu ma voix,

si tu m’as exaucée, quittant le palais de ton père

pour venir jusqu’à moi, dans l’or

 

de ton char attelé : de beaux oiseaux t’entraînaient,

des passereaux rapides, au-dessus de la terre bleu et noir,

du battement pressé de leurs ailes, depuis l’espace ouranien, au

travers de l’éther,

 

et soudain ils furent là. Et toi, ô Bienheureuse,

un sourire éclairait ton immortel visage

quand tu me demandais quel tourment de nouveau était le mien

et pourquoi de nouveau je criais vers toi,

 

et quel désir en moi devait être assouvi

en mon cœur affolé : « Quelle fille de nouveau dois-je persuader

de te séduire à elle en son spasme d’amour ? Quelle amie,

ô Sapphô, te porte préjudice ?

 

Car si elle fuit, bientôt elle sera chasseresse.

Si elle refuse les cadeaux, demain elle en offrira.

Si elle n’est pas amoureuse, bientôt elle sera amoureuse,

même contre son gré. »

 

Viens à moi, et maintenant encore ! De mon cruel souci

délivre-moi ! Tous les désirs de mon cœur passionné,

accomplis-les ! Et toi-même,

sois combattante à mes côtés !

 

Traduit du grec ancien par Yves Battistini

In, Sapphô : « Odes et fragments »

Editions Gallimard (Poésie), 2005

 

A Aphrodite

 

Aphrodite, fille de Dieu,

O tisseuse immortelle au trône étincelant,

Ne laisse pas mon cœur, écoutes-en mon vœu,

O Reine, s’affliger sur les dégoûts pesants.

 

Ah ! reviens si jamais, naguère,

Tu as su m’écouter, entendre au loin ma voix,

Alors que tu quittais, pour accourir vers moi,

La maison dorée de ton père.

 

De rapides moineaux, à ton char attelés

T’emportaient tout autour de notre sombre terre,

Secouaient dans le vent l’aile aux plumes serrées,

Et d’en haut tiraient droit par le travers de l’air.

 

Et vite, ils étaient là, et toi, ô mon bonheur,

D’un sourire éclairant ton visage immortel,

Tu demandais le nom de ma neuve douleur,

Et pourquoi mon appel.

 

Quelle folie brûlait mon pauvre cœur malade ?

« Qui réclames-tu donc de mener à ta flamme

A Celle-là qui persuade ?

Qui, Saphô, te fait mal à l’âme ?

 

« Parle. Si elle fuit, bientôt elle accourra.

Sans écarter les tiens, elle offrira ses dons.

Si elle n’aime pas, bientôt elle aimera,

Qu’elle le veuille ou non ! »

 

Ah ! cette fois encor, viens à moi, rends-moi libre

De ces soucis amers sous lesquels je m’abats.

Fais tout ce que mon cœur désire pouvoir vivre,

Sois mon compagnon de combat !

 

Traduit du grec par Robert Brasillach

in, « Anthologie de la poésie grecque »

Editions Stock, 1950

Voir aussi :

 « Je t’ai possédée, ô fille de Kuprôs ! ... » (22/02/2017)

A une aimée (10/05/2017)

Nocturnes (14/05/2019)

 « Et je ne reverrai jamais... » (13/05/20)

« ... Rien n’est plus beau... » (13/05/2021)

Je serai toujours vierge (27/06/21)

« Je ne change point... » 19/05/2022)

Ode à Aphrodite (17/05/2023)

 

εἰς Ἀφροδίτην

 

Ποικιλόθρον᾽ ἀθανάτ᾽ Ἀφρόδιτα,
παῖ Δίος δολόπλοκε, λίσσομαί σε,
μή μ᾽ ἄσαισι μηδ᾽ ὀνίαισι δάμνα,
πότνια θῦμον·

 

ἀλλὰ τύιδ᾽ ἔλθ᾽, αἴ ποτα κἀτέρωτα
τὰς ἔμας αὔδας ἀίοισα πήλοι
ἔκλυες, πάτρος δὲ δόμον λίποισα
χρύσιον ἦλθες
ἄρμ᾽ ὐπασδεύξαισα· κάλοι δέ σ᾽ ἆγον

 

ὤκεες στροῦθοι περὶ γᾶς μελαίνας
πύκνα δίννεντες πτέρ᾽ ἀπ᾽ ὠράνω αἴθε-
ρος διὰ μέσσω.
αἶψα δ᾽ ἐξίκοντο, σύ δ᾽, ὦ μάκαιρα,
μειδιαίσαισ᾽ ἀθανάτωι προσώπωι

 

ἤρε᾽, ὄττι δηὖτε πέπονθα κὤττι
δηὖτε κάλημμι
κὤττι μοι μάλιστα θέλω γένεσθαι
μαινόλαι θύμωι. «τίνα δηὖτε Πείθω
μαῖσ᾽ ἄγην ἐς σὰν φιλότατα, τίς σ᾽, ὦ

 

Ψάπφ᾽, ἀδίκησι;
καὶ γὰρ αἰ φεύγει, ταχέως διώξει, αἰ δὲ δῶρα μὴ δέκετ᾽,
ἀλλὰ δώσει, αἰ δὲ μὴ φίλει, ταχέως φιλήσει
κωὐκ ἐθέλοισα.»

 

ἔλθε μοι καὶ νῦν, χαλέπαν δὲ λῦσον
ἐκ μερίμναν, ὄσσα δέ μοι τέλεσσαι
θῦμος ἰμέρρει, τέλεσον, σὺ δ᾽ αὔτα
σύμμαχος ἔσσο. 

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