Combat dans la nuit
La boîte de cristal enferme cet oiseau blanc
Qui viendra sur un char
Ne le laissez pas sous cette pluie de sang
Voleter au hasard
Forme neuve de l’esprit trouvera-t-il sa tour
Aux détours qu’il a pris prisonnier sans retour ?
Les lampes de la plaine éclatent en plein jour
Le ciel tombe sur terre pour obscurcir les ombres
Les femmes gorgées de sang
Tournent de peur sur elles-mêmes
Et percent leurs seins menaçants
Au bord des fleuves immobiles
Les têtes incrustées dans les murs de Moscou
Les boules où la neige a fini de tomber
Roulent sans fin à travers l’espace
Les portes de la ville se referment jusqu’au ciel
Les lettres des morts arrivent dix ans après
Mais les signes impossibles du printemps
Se remplissent jusqu’au bord.
In, Revue « Le grand jeu, N°1, été 1928 »
Chez Roger Vailland, Paris, 1928