Violence
Anges
vêtus de fil barbelé
Anges aux langues arrachées
anges privés de cri
*
Faire gicler le sang.
Il gicle sur le mur
sur les habits des curieux
sur la peau.
*
Lécher ce goût sur les lèvres
ce goût douceâtre.
Nous en avons tous soif.
*
Même dans l’horreur,
La rose.
La rose de sang.
*
La haine : quel plaisir
charnel.
Si je regarde mourir,
c’est que je suis vivant
*
Ce n’est pas toi que je tue :
je tue le monstre qui est en toi.
Ce n’est pas toi que je tue :
je tue le monstre qui est en moi.
Exécution.
Décider le moment précis de la mort,
l’heure, la minute.
Couper la tête du temps.
*
La victime.
Elle meurt d’avoir perdu son sang
jusqu’à l’ultime goutte.
Elle est blanche comme l’aube.
Innocente comme le jour nouveau.
*
Miracle.
Réussir à faire marcher le paralytique
à coups de bâton.
*
Pieta.
La femme à l’enfant mort dans ses bras,
la femme sans voix,
la femme sans larmes,
la femme devenue la parturiente
de la mort
la mort vive
*
Nous tuons pour donner un corps aux ombres
Traduit de l’italien par Bernard Noël
In « Poésie en Bretagne, 1999 – 2000 », Les Tombées de la nuit, Rennes