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Femmes en Poésie
25 janvier 2017

Béatrice, Comtesse de Die / Beatriz Comtessa de Dia (vers 1140 – après 1175) : « Grande peine m’est advenue… » / « Estat ai en

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Grande peine m'est advenue

Pour un chevalier que j'ai eu,

Je veux qu'en tous les temps l'on sache

Comment moi, je l'ai tant aimé;

Et maintenant je suis trahie,

Car je lui refusais l'amour, 

J'étais pourtant en grand'folie

Au lit comme toute vêtue.

 

Combien voudrait mon chevalier

Tenir un soir dans mes bras nus, 

Pour lui seul, il serait comblé,

Je ferais coussin de mes hanches;

Car je m'en suis bien plus éprise

Que ne fut Flore de Blanchefleur.

Mon amour et mon coeur lui donne,

Mon âme, mes yeux, et ma vie.

 

Bel ami, si plaisant et bon,

Si vous retrouve en mon pouvoir

Et me couche avec vous un soir

Et d'amour vous donne un baiser,

Nul plaisir ne sera meilleur

Que vous, en place de mari,

Sachez-le, si vous promettez

De faire tout ce que je voudrais.

 

Traduit de l’occitan par Pierre Seghers, in « Le livre d’or de la Poésie française, de 1940 à nos jours »,

Gérard et Cie (Marabout Université), 1963

 

Estat ai en greu cossirier

per un cavallier q'ai agut, 

e voill sia totz temps saubut

cum eu l'ai amat a sorbrier; 

ara vei q'ieu sui trahida

car eu non li donei m'amor, 

don ai estat en gran error 

en lieig quand sui vestida. 

 

Ben volria mon cavalier

tener un ser e mos bratz nut

q'el s'en tengra per ereubut

sol q'a lui fezes cosseiller; 

car plus m'en sui abellida

no fetz Floris de Blanchaflor: 

eu l'autrei mon cor e m'amor 

mon sen, mos houills e ma vida.


Bels amics avinens e bos,

cora.us tenrai en mon poder?

e que jagues ab vos un ser

e qu'ie.us des un bais amoros;

sapchatz, gran talen n'auria

qu'ie.us tengues en luoc del marit,

ab so que m'aguessetz plevit

de far tot so qu qu'ieu volria.

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