Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Femmes en Poésie
22 janvier 2017

Catherine Pozzi : Ave

catherine_pozzi_1_

 

 

Ave


Très haut amour, s’il se peut que je meure

Sans avoir su d’où je vous possédais,

En quel soleil était votre demeure

En quel passé votre temps, en quelle heure

Je vous aimais,

Très haut amour qui passez la mémoire,

Feu sans foyer dont j’ai fait tout mon jour,

En quel destin vous traciez mon histoire,

En quel sommeil se voyait votre gloire,

Ô mon séjour…

Quand je serai pour moi-même perdue

Et divisée à l’abîme infini,

Infiniment, quand je serai rompue,

Quand le présent dont je suis revêtue

Aura trahi,

Par l’univers en mille corps brisée,

De mille instants non rassemblés encor,

De cendre aux cieux jusqu’au néant vannée,

Vous referez pour une étrange année

Un seul trésor

Vous referez mon nom et mon image

De mille corps emportés par le jour,

Vive unité sans nom et sans visage,

Cœur de l’esprit, O centre du mirage

Très haut amour.

 

Poèmes,

Editions de la revue Mesures, 1935

 

Voir aussi :

 

Vale (06/05/2017)

Scopolamine (01/07/2018)

 

Maya (29/06/2019)

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Femmes en Poésie
Publicité
Archives
Publicité